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L’ingérence institutionnalisée !

14 janvier 2012, 00:00

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L’inquiétude se développe à un rythme hallucinant quant à l’ingérence dans la gestion de nos institutions. Nous n’avons pas encore traversé la quinzaine de ce mois de janvier, et voilà que deux incidents majeurs d’ingérence, avec conséquences indésirables, focalisent l’attention du pays.

Dans le sillage de l’affaire «briyani de Quatre-Bornes», des officiers de police qui ne demandaient qu’à faire leur travail, d’après les règlements en vigueur et la loi du pays, ont été rapidement mutés ailleurs. Le département des relations publiques de la police a beau dire que ces transferts sont question de routine, l’explication ne convainc guère. La coïncidence avec l’altercation «briyanique » est trop forte pour que l’on ne se pose pas des questions sur la vraie motivation. Après plus de trente années de loyaux services au pays, la sous-inspectrice se voit contrainte d’aller se faire soigner à l’hôpital Brown- Séquard, ayant sombré dans un état dépressif, après le sort que lui a réservé son département.

Cet incident déplorable n’ayant pas encore quitté l’actualité, voilà qu’éclate un autre qui nous laisse pas insensibles. Le vice-chancelier de l’université de Maurice vient de rendre son tablier. Avec élégance, il a, dans un premier temps, évoqué des raisons d’ordre personnel pour expliquer sa démission précipitée. Mais très vite, le pays s’est rendu à l’évidence.

Encore une fois, l’ingérence quasi permanente dans les affaires de cette institution de formation, de recherche et d’excellence a eu raison du Professeur Konrad Morgan, qui a dû jeter l’éponge, n’en pouvant plus. La presse a rapporté certaines humiliations qu’il aurait subies. Tout cela ne fait nullement honneur à notre pays. Le Professeur Morgan a été recruté suite à un appel de candidatures international. Il a évolué auprès d’institutions prestigieuses à l’étranger et s’est bâti une réputation solide dans son domaine. Maurice avait commencé à bénéficier de sa riche expérience.

Mais c’était sans compter les esprits tronqués qui, paraît-il, n’ont aucune autre façon de se faire remarquer que d’utiliser la position qu’ils occupent temporairement, grâce au strapontin ponctuel qui leur a été confié, et pas nécessairement pour une quelconque compétence.

Quel gâchis ! Et quelle honte !

Une université est normalement une pépinière de connaissances et de capacités d’où l’on devrait pouvoir puiser les ressources nécessaires à l’avancement d’une société. Mais quel espoir y accorder quand celui à la tête d’une telle institution est traité d’une façon aussi cavalière que celle subie par le Professeur Morgan ?

Le chef du gouvernement ne rate aucune occasion d’épater son audience avec ses discours empreints, au préalable, de sagesse mais qui, l’on se rend rapidement compte, sont creux. Car les faits et gestes de la plupart de ses ministres et autres députés ne s’y retrouvent point.

Si un général d’armée se trouvant à la frontière avec ses troupes devait, pour chaque action, consulter son ministre de tutelle ou avoir son approbation, l’on peut bien imaginer les conséquences.

Le cas d’un vice-chancelier n’est pas différent. Il faut qu’il soit libre pour mener à bien sa tâche. Qu’il soit jugé, s’il doit l’être, sur sa performance. Conseil gratuit au ministre de tutelle, à prendre ou à laisser : qu’il regarde dans le rétroviseur de son parcours ministériel, quoi qu’en dise son chef s’agissant des rétroviseurs.

Son palmarès lui sera révélateur !

Le drame, c’est que la plupart de nos institutions se trouvent dans la tourmente, soit pour cause de mauvaise gestion, sinon de querelles intestinales. D’autres secousses se préparent, à l’instar de Mauritius Telecom et autres CEB.

Et c’est le peuple admirable qui en fait les frais !