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L’échafaud de Callikan

3 novembre 2010, 08:07

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Pamela Patten, la directrice de la radio nationale, devra informer ses supérieurs hiérarchiques ce matin, de sa décision concernant sa mise à pied par le Conseil d’administration et le directeur de la MBC vendredi dernier.

La décision des plus hautes instances de la MBC de la contraindre à une retraite anticipée n’a étonné que ceux qui ne sont pas au fait des pratiques courantes de la rue Pasteur. Car depuis quelque temps déjà, les carottes de Pamela étaient cuites.

Après sa suspension que d’aucuns avaient qualifié d’arbitraire pour une faute dont elle n’était directement pas responsable – d’ailleurs, elle avait été, sous la pression, réintégrée – on savait qu’elle était en sursis et que, tôt ou tard, sa tête roulerait dans la sciure. On disait qu’elle était sous étroite surveillance, que ses faits et gestes étaient quotidiennement épiés et que la hiérarchie attendait d’elle la faute qui justifierait sa mise à pied.

Or, lors de sa rencontre avec sa hiérarchie vendredi dernier pour apprendre qu’elle avait été carbonisée, aucune précision ne lui a été donnée quant aux ‘manquements’ qu’on lui reproche. Sauf qu’elle doit donner une réponse ce matin !

Animant souvent les ondes en binôme avec Marie-Michèle Etienne pendant de nombreuses années, Pamela Patten a fait les beaux jours de la radio avant d’en devenir la directrice en 2005 après en avoir aussi assuré très souvent l’intérim. Que, selon le principe de Peter, elle ait atteint son niveau d’incompétence avec cette promotion, c’est peut-être une possibilité à ne pas négliger. Mais à voir l’armada d’incompétents à la rue Pasteur, il est évident qu’elle n’est pas la seule coupable de ce délit et que pour des retraites anticipées pour ces raisons invoquées, on pourrait remplir une charrette toute pleine pour l’échafaud de Dan Callikan !

Pamela Patten a encore cinq bonnes années avant sa retraite. L’on peut comprendre que partir prématurément, de son propre chef, lui priverait d’une bonne partie de sa pension. L’on comprend ainsi qu’elle compte se battre pour mériter son dû que d’aucuns veulent lui en priver pour des raisons qui leur sont propres.

Quoi qu’il en soit, qu’elle accepte ou non de partir relève de son choix personnel. Mais à bien voir, elle n’a pas de multiples options.

Dans la machine à broyer qu’est devenue la MBC, elle est déjà une chair à pâté. Elle sera certainement contrainte de partir selon les conditions imposées et toucher seulement une partie de son argent afin de pouvoir traîner la MBC devant les instances judiciaires pour exiger des réparations pour les injustices dont elle aura été victime. Ce qui risque de prendre quelques années.

Le cas Patten, après les turbulences que la MBC a connues avec la suspension de la syndicaliste Rehana Ameer, met sous les projecteurs, encore une fois, les méthodes de gestion en cours à la rue Pasteur. Elles sont autocratiques et dictatoriales. Elles sont le fait d’un directeur général qui, bénéficiant du soutien indéfectible du Bâtiment du Trésor, estime qu’il peut agir en son bon vouloir, en toute impunité à la tronçonneuse, sans qu’il ait des comptes à rendre à qui que ce soit.

Un sentiment d’impunité qui l’a poussé, ces temps derniers, à défier, non sans arrogance, le ministre du Travail, Shakeel Mohamed. C’est dire que la partie que devra livrer Pamela Patten sera âpre. Nous lui conseillons fortement la relecture d’Antigone de Sophocle, ou son remake chez Anouilh avant la publication du rapport Torul !

Et comme tout le monde le sait : Antigone plie, mais ne se rompt pas.