«Certains, que j’appelle des semi intellectuels, écrivent sur des sujets qu’ils ne connaissent pas. Ils n’ont aucune humilité. Ils écrivent sur le Parti Travailliste alors qu’ils n’étaient même pas nés quand ce parti avait été créé.

Quand ils écrivent, que ce soit dans l’express ou Le Mauricien, c’est comme s’il s’agissait de paroles d’évangiles», déclarait le Premier ministre lors du trentième anniversaire du collège d’Etat Lady Sushil Ramgoolam à Triolet, le 17 septembre.

L’on est proche des élections. C’est sûr. Navin Ramgoolam sort son argumentaire. La presse indépendante le cible trop. Les critiques émises contre le gouvernement ne reposent que sur une motivation communale.

Les réserves formulées sur l’obligation faite aux enseignants du Mahatma Gandhi Institute d’assister à une causerie de James-Burty David sur sir Seewoosagur Ramgoolam reposent sur de mauvaises intentions…

Aucun journaliste digne de ce nom ne prétendrait que sa parole pourrait faire office de parole d’évangile. Celui qui aurait cette prétention n’est pas un véritable journaliste. S’il relate ce qui précède, c’est qu’il sent un dysfonctionnement, voire un abus de pouvoir, quelque part.

Bref Navin Ramgoolam met de plus en plus de côté son costume de Premier ministre pour prendre celui de candidat à sa propre succession. Dans ce contexte, on doit s’attendre à davantage de critiques de la part du chef du gouvernement contre la presse indépendante.

En ces temps préélectoraux, il n’est pas bon de critiquer notre Premier ministre. Il va vite se mettre en colère et prendra comme des attaques personnelles la moindre allusion aux manquements de son gouvernement. Sa science politique, toute corsetée dans une stratégie de «nou bann», fait des journalistes indépendants des bras éditoriaux au service de l’opposition, plus précisément du MMM. C’est absurde mais c’est ainsi. Pourtant, un journaliste véritablement indépendant ne mettra jamais en jeu son sens de l’éthique pour une formation politique, quelle qu’elle soit. On n’arrivera jamais à convaincre Navin Ramgoolam de cela.

Par contre, pour notre part, nous sommes convaincus qu’il aimerait bien voir certaines voix s’éteindre sur des radios privées et certaines plumes privées d’encre au sein de la presse indépendante.

Le Premier ministre gagnerait à comprendre qu’il n’y a pas d’escadron de journalistes sorciers qui travaillerait à minimiser les célébrations autour du 109e anniversaire de la naissance de sir Seewoosagur Ramgoolam. Personne ne trouverait saugrenue la fermeture des écoles à la mi-journée en cette occasion pour mener des activités en mémoire de SSR.

Dans les plis de sa combinaison d’agent de l’information, le journaliste ne cache aucune dague qu’il utiliserait pour souiller la réputation de notre Premier ministre. Mais celui-ci devrait comprendre que tout le monde ne peut pas être tout le temps d’accord avec lui ou avec ce qu’il fait.