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Maurice à la traîne

18 mars 2013, 11:08

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Maurice à la traîne

En Afrique la lutte contre la corruption fait son chemin. Notamment au Sénégal, où le fils de l’ex-président Abdoulaye Wade, Karim, a été mis en demeure par la justice de justifier plus d’un milliard d’euros d’avoirs.

 

Dans ce contexte, à chacun son chemin. Chez nous, la loi anti-corruption, le POCA, n’a guère évolué depuis sa conception. Elle est toujours peu regardante sur l’enrichissement illicite des véreux. Jusqu’ici, aucun parti politique n’a osé bousculer les tabous pour autoriser la police à enquêter sur la provenance des fortunes illicites de certains citoyens.

 

C’est une Cour de répression de l’enrichissement illicite qui a sommé Karim Wade de prouver l’origine de ses avoirs, dans le cadre d’une enquête visant de présumés biens mal acquis. Convoqué par le procureur, le vendredi 15 mars, Karim Wade a un délai d’un mois pour justifier ses revenus.

 

Le journal français «Le Monde» souligne, dans un article publié hier, un détail important concernant le personnage : «Ex-ministre de la coopération internationale, des transports aériens, des infrastructures et de l’énergie, doté de gros budgets, Karim Wade, 44 ans, était surnommé super-ministre ou ministre du ciel et de la terre.» De gros budgets à la hauteur de la fortune que la justice sénégalaise soupçonne le prévenu d’avoir amassée en l’espace de quelques années.

 

A Maurice, une telle action à l’encontre des potentats et mandarins n’est pas possible. La loi est floue et les procédures sont trop contraignantes pour traquer les pillards. Rien n’est fait pour corriger les lois trop faibles, même si plusieurs partis se sont succédé au pouvoir depuis l’application de la première version du POCA. Ni les politiciens, ni les hauts fonctionnaires démesurément riches, n’ont été mis en demeure d’expliquer leurs revenus. Quant aux affairistes qui ont des relations avec le pouvoir, ils ont la faculté de changer de camp à chaque alternance pour continuer à bénéficier de la manne de l’Etat.

 

Les dizaines de millions de roupies qui changent de mains lors de certaines transactions foncières abasourdissent des notaires, à tel point qu’ils ont la vue brouillée, mais les autorités, elles, ne s’aperçoivent de rien. Ailleurs, sur le continent noir, on commence à voir clair.