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Merci M. de Rosnay

17 janvier 2011, 09:59

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C ’est un conseil auquel le Premier ministre a été très attentif. Il a choisi d’écouter l’avis de son conseiller spécial, Joël de Rosnay et d’en finir avec la saga «CT Power».

Tout est allé très vite, la semaine dernière. Mercredi, un comité technique examine les implications de la centrale à charbon que des Malaisiens voulaient construire à Pointe-aux-Caves. Le lendemain, le comité EIA se réunit et dit non aux promoteurs.

Vendredi, le Conseil des ministres oppose, à son tour, son veto à la centrale. Si le bon sens a prévalu, c’est essentiellement en raison de l’influence du scientifi que français, conseiller du Premier ministre. Dans un pays où les ONG ne comptent pas et face à un gouvernement qui traite les citoyens avisés de la société civile de «semi-intellectuels», il y avait peu d’espoir que l’opinion publique fasse fl échir l’Etat. La voix du conseiller de Rosnay, elle, a été prépondérante.

Le conseiller n’avait fait aucun secret de son opposition acharnée au projet de «CT Power» et était conscient de son influence sur les choix du Premier ministre. Voici ce qu’il déclarait dans une interview accordée à «l’expressdimanche» le 20 juin dernier : «J’ai remis au Premier ministre, à sa demande, un important rapport suggérant une stratégie intégrée dans le domaine des énergies renouvelables et des économies d’énergie. Je pense avoir eu de l’influence sur l’abandon de certains projets…»

On savait que le conseiller avait refroidi le gouvernement quand il s’est prononcé contre la centrale à charbon de Pointe-aux-Caves. Mais des signaux contradictoires étaient émis par rapport à ce projet jusqu’à tout récemment encore, ce qui laisse supposer que des lobbies étaient à l’oeuvre.

Il y a eu, par exemple, les tergiversations entre l’ex-ministre de l’Environnement, Anil Bachoo, et les promoteurs malaisiens, ainsi que les déclarations ambiguës du vice-Premier ministre, Rashid Beebeejaun.

Pas plus tard qu’en juillet dernier, celui-ci déclarait, en réponse à une question parlementaire du leader de l’opposition, que «the capacity expansion plan for the period 2006-2013 included a coal fi red plant at Pointeaux-Caves…» même s’il avait rappelé que le projet attendait le feu vert du comité EIA. Du reste, le CEB avait signé un «Power Purchase Agreement» avec «CT Power» en décembre 2008.

Le spécialiste français avait préconisé l’abandon du projet «CT Power» pour des raisons environnementales. Mais, il y a d’autres raisons, tout autant graves, qui peuvent justifier le rejet du projet. Les Malaisiens ne sont pas passés par un appel d’offres. Ils avaient soumis un «unsolicited bid», procédé qui pollue le climat des affaires comme le charbon pollue l’atmosphère.

 

Raj Meetharbhan