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Mon pays m’inquiète

6 janvier 2009, 10:51

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Ce qui fut n’est plus. J’essaie de m’imaginer comment c’était…

A Plaine-Verte, créoles et lascars vivaient en harmonie. Une symphonie devenue au fil du temps une nostalgie. Rappelons-nous ce temps où, dans notre mémoire, il n’y avait point d’animosité. Où notre esprit était en repos. Ce temps où, sur les plages publiques, il n’y avait point de transats. Tout n’était pas que transaction. Ce temps où nous n’étions pas transis de peur devant la criminalité en hausse perpétuelle. Nous avions d’autres rituels. Plus sains. Moins de refrain sur la productivité et le besoin de s’enrichir coûte que coûte.

Dans les villages, on se réunissait dans des places publiques parce qu’on pouvait papoter librement. Les jeunes pouvaient prendre leurs vélos pour faire le tour des villages ou encore se rendre à la plage. Toujours à chercher des nouveaux coins. On voulait découvrir son île. Ainsi l’aimait-on…

Puis sont venus les remous. Aujourd’hui, pour ne pas être taxés d’indifférents, nous mettons tout sur le compte de la société de la consommation. On nourrit de promesses les gens pour qu’ils ne deviennent pas fous. Ainsi à marteler la paroi de notre mémoire, nous avons fini par découvrir ce miroir qui nous renvoie la seule image que nous souhaitons avoir de nous-mêmes. Ici et d’ailleurs, nous ne cessons de rechercher ce terroir.

Ces remous, ceux qui reviennent dans l’île après des années, ils les constatent plus facilement que ceux qui y sont restés. Ils se réjouissent du progrès. Mais ils ne retrouvent pas cette île qu’ils ont quittée. Une île où le vivre-ensemble avait un sens. Une île où on ne tuait pas une personne pour Rs 50. Une île, où sous l’effet de manque de drogue, on viole et tue une sexagénaire. Une île où désormais, on a peur de circuler la nuit.

Certes certains exagèrent. Mais, dans les faits, le sentiment d’insécurité n’a jamais été aussi prononcé. C’est ce qui explique qu’on se mure chez soi. Qu’on finit par perdre le sens du contact.

Où est-il ce temps du pique-nique en famille au «bord-la-mer» sans qu’il y ait ce stress du «que-fera-t-on demain»? C’est des pareils moments qui ne sont plus. On nous parlera davantage de l’année politique qui s’annonce intense en 2009. Mais où est-il l’idéal politique? On nous parlera des crises financière, écologique, alimentaire… Mais où est-il cette envie de se battre, de se réinventer, de se réécrire autrement?

Mon pays, notre pays inquiète. Nos dirigeants ne nous disent pas comment ils vont résoudre les problèmes de criminalité et de délinquance. Ils n’ont pas ce grand dessein national qui serait l’espoir d’un autre vivre en commun…