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Monarchique
Navin Ramgoolam sort ses griffes une fois de plus contre la presse. Deux jours de suite, il s’en est pris aux journaux libres, en citant nommément l’express.
C’est à croire qu’il veut la disparition des journaux qui ne sont pas à la solde du pouvoir.
Mardi, lors de son intervention au Parlement sur le discours- programme, il a dit qu’il faudra un leadership politique fort et a fustigé, dans le même souffle, les journalistes d’opinion. Il les a enjoints de faire de la politique active.
Sur un ton qui n’a rien à voir avec la courtoisie et le respect qui marquent normalement les échanges dans une démocratie mature, le Premier ministre s’est attaqué aux «âmes timides qui n’ont pas eu le courage de descendre dans l’arène politique» et qui, dans des articles d’opinion, «veulent dicter au gouvernement ce qu’il faut et ne faut pas faire». Le lendemain, à l’hôtel Intercontinental, il s’est permis de donner des conseils aux professionnels de l’information sur la manière de rédiger des titres et de définir l’angle des articles de presse.
Navin Ramgoolam veut inverser les rôles. Souhaite-t-il être rédacteur en chef tandis que les journalistes, eux, abandonneront leur profession pour faire de la politique active ?
Ses propos démontrent qu’il est devenu allergique à la critique. Il a menacé d’utiliser son pouvoir pour instaurer une loi plus dure contre le délit d’opinion.
Non seulement Navin Ramgoolam cherche à intimider la presse mais, il va plus loin en niant à la presse libre le droit d’exister. Selon lui, il ne devrait pas y avoir des journalistes d’opinion. Ceux-ci doivent avoir le «courage» d’aller combattre sur le terrain politique, argue-t-il.
Visiblement, Navin Ramgoolam n’a pas compris que la démocratie ne peut survivre sans journaux indépendants. Les journalistes ont un rôle de vigilance citoyenne que tout démocrate devrait respecter. Seul un dirigeant voulant monarchiser son régime peut contester aussi fortement l’existence même des journaux à l’exception des titres qu’il peut contrôler à sa guise.
Dans une démocratie, chacun a une mission à accomplir.
Le politique énonce une vision et prend des décisions pour l’appliquer. Le journaliste diffuse l’information, décrypte l’actualité, dénonce les abus et aide l’opinion publique à former un jugement. Le politique et le journaliste jouent sur deux claviers complémentaires. Chacun a son mode d’action mais les deux sont indispensables pour assurer le bon fonctionnement de la société. L’on ne peut vouloir envoyer tout le monde sur le champ politique.
A Maurice, nous prenons l’existence des journaux pour un fait acquis. Or, l’on est confronté aujourd’hui à une situation où le droit à l’information est en péril. La brutalité des propos de Navin Ramgoolam contre la presse devrait nous réveiller.
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