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MSM : une vulnérabilité grandissante
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MSM : une vulnérabilité grandissante

Avec l’effondrement en 2011 de sa stratégie d’alliance gouvernementale avec le PTr qui le livre aujourd’hui pratiquement pieds et poings liés au MMM, la réduction de son groupe parlementaire, mais en même temps avec le récent réchauffement à petit feu des rapports Ramgoolam-Bérenger et l’adoption simultanée de positions plus ambiguës du MMM (qui veut maintenant recycler sir Anerood Jugnauth comme une condition sine qua non de tout accord), le MSM se retrouve aujourd’hui en position beaucoup plus vulnérable qu’il veut bien l’admettre.
La marginalisation le guette. Le Premier ministre courtise ouvertement ses députés. Paul Bérenger lui envoie des signaux contradictoires, selon son humeur du moment et l’état de ses rapports avec le PM. A moyen terme, le MSM reste confronté aux séquelles de l’affaire Medpoint (dont on n’a pas encore vu la fin et qui pourrait bien revenir hanter le parti).
Pour ajouter à ses appréhensions, le MSM est aussi menacé aujourd’hui par une éventuelle application des recommandations électorales du Pr Carcassonne qui – en changeant le système de vote – établirait en pleine lumière sa représentation réelle (et probablement modeste) dans le pays. La grande habileté des Jugnauth depuis 1983 a, en effet, toujours consisté à dissimuler le soutien électoral effectif du MSM en se fondant dans de grandes alliances multipartites où la force de chaque parti se perd dans un grand vote collectif (sauf en 1995). Toute réforme basée sur la représentation proportionnelle soutenue par Navin Ramgoolam et Paul Bérenger, qui isolerait le vote de chaque parti et permettrait de chiffrer le soutien réel à chacun, démystifierait le MSM et le laisserait nu devant le pays. La réforme électorale jouerait donc en défaveur de Pravind Jugnauth dans tout accord postélectoral éventuel et, de ce fait, ce n’est plus sur la base de 50/50 ou même de 42/18 que le MSM se présenterait dès lors à la table des négociations.
Aussi, quelque part, avec la réforme Carcassonne, Navin Ramgoolam et Paul Bérenger (deux vieux renards et, quand il le faut, deux grands complices) « tiennent-ils » aujourd’hui davantage Pravind Jugnauth et le MSM. Ce parti n’a donc, désormais, pour seule option véritablement réaliste que de s’amarrer le plus solidement qu’il peut au MMM. Toute autre orientation pourrait, à terme, s’avérer pour lui suicidaire.
Le problème pour le MSM, c’est que la perception de sa vulnérabilité s’étend. Elle est reconfirmée littéralement chaque semaine par l’étonnante rapidité avec laquelle le MSM s’aligne désormais sur toutes les positions du MMM (demande de maintien du Best Loser System, surprenant « oui » catégorique à un retour de SAJ en politique, avant même que celui-ci ait clairement indiqué ses intentions sous ce rapport, etc.).
Paul Bérenger, qui est loin d’être un enfant de choeur dans ses rapports de force avec ses interlocuteurs et qui a en permanence plusieurs fers au feu, décrypte bien cette vulnérabilité croissante du MSM et, sans surprise, augmente régulièrement le prix qu’aurait à payer ce parti pour tout éventuel accord avec le MMM.
Pravind Jugnauth doit ainsi, ces jours-ci, constater avec inquiétude que sa marge de manoeuvre réelle face au leader MMM est en train de progressivement se rapetisser. Après avoir laissé miroiter la perspective d’un « accord à parité », Paul Bérenger avertit depuis peu qu’il sera « diffi cile » au MMM de donner 50 % des investitures à Pravind Jugnauth – ce qui changerait complètement la donne. Par ailleurs, la demande de Bérenger d’un retour de SAJ à ses côtés comme condition « essentielle » de tout accord équivaut effectivement à mettre un gros point d’interrogation sur l’alliance et à réduire Pravind Jugnauth à de plus modestes ambitions personnelles.
Chacun comprend que tout ceci ne serait pas sans sérieuses conséquences. Or, Pravind Jugnauth accepte, littéralementsans discuter. Qui sait dès lors, dans ces conditions, ce qu’exigerait demain le leader de l’opposition, l’appétit venant en mangeant ?
Pravind Jugnauth paie, en fait, aujourd’hui le prix de son impétuosité, d’une certaine arrogance (d’autres diront d’une arrogance certaine) et de sa mauvaise lecture de ses alliés et adversaires depuis longtemps. Sa rupture avec Paul Bérenger après 2005, partie de sa tentative d’être symboliquement le dernier orateur aux meetings conjoints MMM-MSM et son invitation irrévérencieuse à un Bérenger supposément vieillissant à se retirer, alors même qu’il était sur orbite pour succéder à Bérenger à la tête de l’alliance MMM-MSM, s’est effectuée dans des conditions d’hostilité personnelle et d’irrespect pour l’orgueilleux leader MMM qui ont laissé de profondes cicatrices. Pravind Jugnauth n’a jamais voulu comprendre que Paul Bérenger, dans sa tête, se considère comme un géant politique égal à SSR, SAJ ou Gaëtan Duval et ne servirait jamais sous lui.
Aujourd’hui, Paul Bérenger met Pravind Jugnauth à sa place. L’électorat MMM également n’a pas encore pardonné à Pravind Jugnauth ses écarts de langage vis-à-vis de son chef. Le rapprochement du leader MSM avec le Dr Navin Ramgoolam en 2009 avait, lui aussi, dénoté une légèreté politique, contre laquelle il avait été averti. Le PM, qui calque souvent son action sur celle qui avait réussi à SSR, avait, face au MSM, un « scénario IFB » : se servir d’une force d’appoint pour battre son principal adversaire et conserver le pouvoir, puis créer les conditions pour s’en débarrasser, un an après, et tendre cette fois la main à son adversaire principal affaibli.
L’IFB et Sookdeo Bissoondoyal en firent les frais en 1967, au profit du PMSD et de Gaëtan Duval et c’est très exactement ce qui s’est passé en 2011 : le MSM a subi, aux mains de Navin Ramgoolam, le même sort que l’IFB et Bissoondoyal aux mains de SSR, en attendant l’issue des clins d’oeil du PM au MMM.
Pour le MSM, les nuages s’amoncellent. Un refus de SAJ de s’engager le laisserait « dans la plaine ». Navin Ramgoolam travaille à sa perte. Paul Bérenger pourrait bien secrètement vouloir régler ses comptes. Les pièges se referment. On ne doit pas bien dormir, ces jours-ci, dans les foyers MSM.
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