Publicité

Navin et Pravind

28 février 2011, 07:57

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

lexpress.mu | Toute l'actualité de l'île Maurice en temps réel.

Comme d’habitude, à chaque scandale éclaboussant le gouvernement, une question passionne l’opinion, excite les médias, provoque l’insomnie au Square Guy-Rozemont, met dans l’angoisse les partenaires du Parti Travailliste et surtout redonne des couleurs à l’opposition officielle, le MMM : que va faire Navin Ramgoolam ?

Pour l’heure, dans l’éventail très varié des ses réactions possibles, une seule option est à exclure : celle de rompre l’alliance avec le MSM. Il est évident que toute démarche dans ce sens le mettrait en situation de faiblesse à l’Assemblée nationale avec une courte majorité  et le livrerait ainsi, totalement vulnérable, aux coups de boutoir de l’opposition surtout à la veille des élections municipales. C’est un risque qu’il n’est certainement pas disposé à prendre au début même de son mandat alors que le père du ministre des Finances, sir Anerood Jugnauth, a encore une année à tirer à la présidence.

Du coup, ce Hamlet de la politique fait dans ce qu’il sait faire : ménager la chèvre et le chou, souffler le chaud et le froid et nager entre deux eaux. Il est un orfèvre en la matière. C’est la seule posture pour l’heure qui lui soit politiquement possible.

L’opinion, il le sait, est remontée à bloc par le scandale ‘Medpoint’ qui est devenu, depuis son éclatement, une série à rebondissements comme l’affaire Suzanne. Au sein de son propre parti, la fronde est devenue audible.

L’opposition extra-parlementaire rue dans les brancards et sur Internet (qu’il ne peut contrôler) il est quotidiennement brocardé. Ce qui le contraint à lâcher du lest. Personne ne se fait d’illusions (encore moins au Sun Trust) : les Nita Deerpalsing, Suren Dayal et Patrick Assirvaden ne dénoncent ce scandale qu’avec SA permission. Même des ministres (Rajesh Jeetah et Sheila Bappoo) n’ont pas été en reste alors que, selon Pravind Jugnauth, la décision concernant Medpointa été prise au Cabinet. 

Navin Ramgoolam sait, bien qu’il impose tout le temps le silence dans les rangs, que cette situation requiert des réactions rouges pour que son parti n’en soit pas éclaboussé. D’où les tirs de ses snipers. Comme il sait aussi que systématiquement maintenant toutes les mesures qui seront prises par le ministre des Finances seront jaugées à l’aune Medpoint. S’il n’y a pas d’argent pour moderniser tel service, pour recruter des fonctionnaires indispensables ou pour faire l’acquisition de tels équipements, on ne manquera pas de souligner que de l’argent public a été balancé par la fenêtre inutilement pour faire l’acquisition d’un bâtiment vétuste avec des équipements qui ne le sont pas moins pour la création d’un centre gériatrique qui a été déconseillé par des spécialistes de la santé.

Pourtant, Navin Ramgoolam qui en a vu d’autres, donne le sentiment de contrôler la situation et d’en profiter. Ce n’est pas qu’il l’ait souhaitée ; mais comme tout politicien, il va tenter de la retourner en sa faveur. Bien qu’il ne jubile pas, c’est peut-être non sans plaisir qu’il assiste aux gesticulations de Pravind Jugnauth pris dans les rets de cet énorme scandale. Quelle qu’en soit l’issue, le ministre des Finances y laissera des plumes.  Déjà, de manière imperceptible, le PTR a donné l’impression que c’est un scandale orange.

Ce sera, en définitive, la pauvre Maya Hanoomanjee qui passera à la trappe parce qu’il faudra impérativement un bouc-émissaire.

Anticipant peut-être la chute, elle a commencé à distribuer des pansements au numéro 14 !