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Nos villes agonisent

1 novembre 2010, 08:04

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En situation normale, personne ne trouverait à redire que le gouvernement ne procède pas à la tenue d’élections municipales en attendant la grande réforme des collectivités locales. Le gouvernement pourrait même, à la limite, convaincre la population de la pertinence d’un tel renvoi à une date ultérieure. Au pouvoir depuis quelques mois seulement, peut-il faire valoir, il lui faut encore un peu de temps pour mettre la dernière touche à un si vaste chantier d’autant que l’Opposition semble se réjouir elle aussi de la municipalisation du pays pour une meilleure gestion de nos régions.

Or, comme nous sommes à Maurice, rien n’est normal. L’Opposition refuse ce renvoi et met la pression pour que ces élections régionales aient lieu dans les délais prescrits par la loi, quitte à les maintenir dans les cinq villes uniquement. Cette pression est politiquement compréhensible et justifiable même si dans l’absolu, il s’agit de créer des municipalités pour mieux gérer bon nombre de régions qui se retrouvent dans des triangles des Bermudes administratifs tant leur éloignement du siège de décisions est absurde. Quand Pailles dépend de Rivière Noire, cela tient de l’ineptie !

Il ne s’agit pas que de cela uniquement. La municipalisation du pays permettrait enfin la correction d’une inégalité criarde : mettre les urbains et les ruraux au même niveau dans leurs obligations envers les collectivités locales pour les services dispensés,  bien que la NRPT, dans une certaine mesure, soit venue raboter quelque peu des excroissances par trop visibles.

Mais pour l’heure, c’est le gouvernement qui en prend plein le nez. La carte du renvoi des consultations municipales, au-delà des délais prescrits, rappelle trop de douloureux souvenirs pour que Navin Ramgoolam ne se rende pas compte de l’utilisation que peut en faire l’Opposition. Seuls les amnésiques auront oublié, en effet, que cette mesure - somme toute banale ici – renvoie à tout un arsenal de restrictions mis en place au temps de la grande répression marquée par des décisions liberticides. Cette plaie de notre histoire n’est pas encore cicatrisée.

Si encore l’exemplarité de l’administration de nos villes pouvait être un argument ! C’est bien le contraire. A part Curepipe avec quelques mesures audacieuses et Vacoas/Phoenix qui a choisi de ne pas exister, les autres villes ont été gangrénées par une gestion catastrophique, minées par des guerres intestines et vérolées par la  corruption. Retenir encore pendant quelques mois ces édiles, c’est prolonger davantage l’agonie de nos villes.

C’est la carte que va jouer le MMM et il aurait tort de s’en priver. Dans cette joute, il n’a rien à perdre. Il est en posture de ‘challenger’ susceptible de confirmer ses acquis (Beau-Bassin/Rose-Hill, Curepipe), reconquérir des bastions perdus (Quatre-Bornes) avec la cerise sur le gâteau (Port-Louis) sans compter la possibilité de provoquer des fissures importantes dans l’armure rurale de l’alliance gouvernementale si d’aventure le budget  ne correspond pas aux promesses électorales faites.

Le MMM, à terre depuis les dernières Législatives, a retrouvé des couleurs et un second souffle depuis qu’il est entré dans la logique municipale.

Il n’y a pas meilleur moyen de mobiliser ses troupes que leur offrir une belle bataille.