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Numéro d’équilibriste
Ce n’est pas un gouvernement de continuité. Treize nouveaux venus font partie du nouveau Cabinet. Mais ce n’est pas un gouvernement de changement non plus. Le nouveau Cabinet reprend la moitié des ministres du précédent, même si certains d’entre eux changent de portefeuille. Navin Ramgoolam est resté prudent sur toute la ligne. Non seulement il respecte l’équilibre entre anciens et nouveaux, mais sa nouvelle équipe gouvernementale révèle un dosage qui répond aux critères du clientélisme. Chaque groupe trouve son compte au sein de ce Cabinet pléthorique de 25 membres.
La particularité du Cabinet est la place importante qu’il fait au MSM. Alors que ce parti ne compte que douze élus, sept de ses membres occupent des maroquins ministériels. Son influence au gouvernement n’est pas proportionnelle à son poids politique. Presque 60 % de son groupe parlementaire est propulsé au Cabinet.
Le Parti travailliste va jusqu’à céder le portefeuille des Finances au MSM. Il est vrai que sur la base de son bilan plutôt positif en tant que Grand argentier dans un précédent gouvernement, Pravind Jugnauth se qualifie pour ce poste. Mais la surprise vient du fait que le PTr, un parti jaloux de ses prérogatives, ait consenti à confier le ministère le plus important pour la conduite des affaires publiques à un parti allié.
Beaucoup d’autres portefeuilles importants vont au MSM. La lutte entre Xavier Duval et Nando Bodha pour le contrôle du Tourisme a été remporté par le membre du MSM. De plus, Maya Hanoomanjee hérite du ministère de la Santé et de la Qualité de la vie tandis que Showkutally Soodhun obtient celui de l’Industrie et du Commerce. Ce nouveau Cabinet traduit décidemment l’influence du parti de Pravind Jugnauth dans la nouvelle île Maurice.
Le calcul du tacticien Ramgoolam demeure obscur pour de nombreux observateurs. Tous éprouvent du mal à comprendre la générosité qu’il manifeste à l’égard du MSM depuis quelque temps. En revanche, il est plus facile de comprendre les raisons pour lesquelles des députés rouges qui pouvaient légitimement prétendre à un portefeuille ont été exclus de la liste. Si Nita Deerpalsing et Cader Sayed Hossen devront se contenter des miettes à la commission de démocratisation de l’économie, c’est parce que la composition d’un Cabinet obéit à des impératifs de l’ethno-politique. Le nouveau Cabinet est le fruit de compromis que Navin Ramgoolam a fait comme il aurait réalisé un numéro d’équilibriste. Mais, il n’y avait point de spectacle hier à la State House.
En 2005, la prestation de serment était faite «devant le peuple qui nous a élus» et l’assistance, composée d’environ 3 000 personnes, participait alors à un show. Cette fois, c’est une entrée en fonction sous le signe de la sobriété.
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