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Objectif 2015

5 avril 2009, 17:43

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Objectif 2015


Un rapprochement PTr- MMM semble de plus en plus aléatoire. Il devient clair que Navin Ramgoolam, imbu de lui- même et revanchard comme jamais, est peu disposé aujourd’hui à partager le pouvoir avec Paul Bérenger. Le leader du MMM en a sans doute pris conscience ; il se place en position de confrontation, il ne se veut plus partenaire possible, mais Premier ministre alternatif, et recentre son énergie sur la reconquête du pouvoir.Dans l’état actuel des choses, c’est la meilleure posture qu’il puisse prendre.


Bérenger est en effet le seul challenger possible à Ramgoolam. Les chiffres le disent. Les tendances mises à jour par le dernier sondage politique réalisé par Sofres ayant été confirmées par l’élection partielle, on peut estimer à 25 % de l’électorat les sympathies attribuées au MMM. C’est un pourcentage qui élimine l’autre parti de l’opposition, qui frôle les 8 %, et qui reste trés proche des 30 % du PTr. Est- il pour autant assez fort pour prétendre faire pencher la balance en sa faveur aux élections de 2010 ? Dix- huit mois, cela semble insuffisant


Le temps semble court pour convaincre un électorat, qui vient de montrer qu’il est relativement rassuré auprés du gouvernement Ramgoolam, que le MMM peut représenter une qualité de vie meilleure. Le MMM rajeunit certes aujourd’hui son équipe, mais à la date des élections, ces nouveaux venus n’auront guére d’expérience à faire valoir. Peutêtre aurait- il été autrement s’il s’était pris plus tôt, s’il n’avait pas différé l’exercice d’introspection. Le MMM s’est toujours attardé, pour expliquer ses échecs, sur des raisons extérieures. Tantôt la faiblesse de son allié, tantôt le facteur communal. Et il est toujours resté, au fond, dans une posture de parti « complémentaire » . Ses résolutions à « consolider ses assises » que l’on entend depuis deux ans, n’ont pas été suivies de beaucoup d’effet.


Si le temps manquera, quelle posture doit donc adopter le MMM ? Quand il ne peut pas se présenter comme une substitution possible au leader, le challenger a deux options : la guerre et la différenciation. Cette régle de stratégie marketing vaut peut- être en politique. La présence du MMM dans la course de 2010 serait alors orientée vers l’objectif de paraître une opposition puissante, cohérente, solide, crédible, intelligente. C’est par sa maîtrise des dossiers, par sa force d’argumentation, par sa capacité à être un contre- pouvoir que le MMM s’est toujours distingué. Il reconstruirait alors sa crédibilité. Cette guerre serait menée avec en tête, l’objectif raisonnable de 2015.


Là viendra le temps de la reconstruction. Cinq années qui seront consacrées à se différencier par un réel programme alternatif avec une équipe plus expérimentée, à analyser ses propres failles, à rechercher aussi les failles du leader pour s’y engouffrer. Il y en aura : l’usure, l’impopularité à laquelle risquent de conduire dérives langagiéres et autres caprices… Les assises de ce plan « à long terme » peuvent déjà être posées aujourd’hui. Groupes de réflexion, enquêtes de terrain, recherche de voies innovantes pour l’économie du pays…

Un bon challenger, dit- on, ne le reste jamais longtemps. Etre « bon » , c’est prendre la pleine mesure de sa force de frappe, de sa capacité de provocation. Ce n’est pas forcément être « bon » quand on laisse un Lutchmeenaraidoo dont on connaît l’historique de grand argentier, remettre en question un Sithanen. Il faut trouver autre chose. Face au challenger, le leader a le désavantage d’être sur la défensive. Il risque la maladresse. C’est le cas de Ramgoolam. Quand il s’aventure à déclarer, à Triolet, que tout le monde ne peut pas être Premier ministre, insinuant que certains n’ont pas ce qu’il faut, ce n’est pas trés glorieux.


2015, est- ce trop loin pour Bérenger ? Sera- t- il… trop vieux ? Il doit déjà certes penser à la reléve mais il reste, à l’heure actuelle, la meilleure option d’alternance pour son parti et le pays. Et puis, cette semaine, Michel Galabru jouait Pagnol dans un grand théâtre de Paris. Il a 85 ans.

Ariane Cavalot-de L''Estrac