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Paillasson

35 au départ. Le double à l’arrivée. Le nombre de personnes qui se sont déplacées pour manifester contre la station de radiotélévision nationale équivaut à un fiasco. Malgré ce faible équipage, chapeau aux militants d’Azir Maurice pour avoir quand même serré les dents et effectué la marche du Plaza au rond-point du Réduit pour réclamer la tête de l’ancien directeur de la communication du Premier ministre parachuté dans le fauteuil de grand manitou de la Mauritius Broadcasting Corporation.
Si Dan Callikan a été installé à ce poste à la veille des législatives de 2005, c’était bien évidemment pour un travail de sape. De propagandisme subtil. Le vieux renard a été journaliste et a aussi dirigé une « gazette » du temps où les travaillistes étaient dans l’opposition.
Durant la campagne, les téléspectateurs ont eu droit aux images d’un Navin Ramgoolam souriant. En contrepartie, Paul Bérenger était présenté tel un clown s’il n’était pas montré sous l’angle d’un vulgaire personnage vociférant au micro. S’il existait un prix Pulitzer pour les propagandistes, Dan Callikan aurait sans doute été primé.
Pourtant, il suffirait d’un sursaut au sein même de la station de radiotélévision nationale pour qu’elle ne soit pas comparée aux stations des pays tiers-mondistes. C’est vrai que les programmes de la télévision sont régis par le MBC Act mais le journal télévisé exige un minimum de rigueur journalistique.
Si les confrères de la télévision ou de la radio faisaient part de leur mécontentement sur la façon de faire de la direction ou du rédacteur en chef qu’on dit à la botte du pouvoir, ces deux larrons n’auraient pas pu présenter un journal tout à la gloire des ministres de la République. Dans ce métier, on a le choix de ne pas être le paillasson de service.
A ce jour, Dan Callikan et consorts veulent sans doute faire de la représentativité proportionnelle à l’égard du pouvoir. Ils estiment que leur mission est de créer un équilibre vis-à-vis de la presse indépendante.
C’est grotesque car, si un fin stratège existait au sein du pouvoir, il aurait compris qu’une Mauritius Broadcasting Corporation qui, un jour, ferait bien son travail sera une réelle menace pour la presse libre. Si les faits sont présentés de manière impartiale et sans courbettes envers les locataires de l’Hôtel du gouvernement, la presse libre aura des soucis à se faire.
Rappelez-vous de février 1999 : pour le spectateur qui suivait le journal télévisé, tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes à Maurice. Il fallait se rabattre sur les chaînes réunionnaises pour voir les images de ces tristes événements.
Sir Anerood Jugnauth et Paul Bérenger avaient bien évoqué le projet de faire de la station nationale une BBC à la mauricienne il y a 13 ans. Malheureusement, il s’était transformé en « Bérenger Broadcasting Corporation ». Si ce n’était pas lui, c’était Pravind Jugnauth qu’on était obligé de voir défiler sur nos écrans lors des journaux télévisés.
Le temps s’est écoulé et rien n’a changé. A chaque prise de parole de Navin Ramgoolam, on n’a qu’une envie : zapper. Ce qui expliquerait sans doute pourquoi peu de Mauriciens ont voulu manifester bien qu’on leur arnaque Rs 100 mensuellement.
Ils doivent sans doute se dire à quoi bon aller se battre contre un moulin à paroles. Mais à rester dans son salon à critiquer la station de radiotélévision nationale, on ne va jamais changer les choses. Ne comptez surtout pas sur les politiciens.
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