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Parfum de campagne...
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Parfum de campagne...
Des trois Budgets présentés par le vice-Premier ministre et ministre des Finances, Xavier Luc Duval, la loi de finance 2014 est de loin la meilleure. C’était l’impression générale à chaud, vendredi soir, à l’issue d’un discours de plus de 2 heures et demie. Offensive de charme réussie donc pour le ministre des Finances après un Budget 2013 plus ou moins décousu dans le fond comme dans la forme.
Avec son troisième Budget, Xavier Luc Duval démontre qu’il a compris l’importance de l’emballage. D’ailleurs, il le dit lui-même. Il a voulu que tout le monde se retrouve dans l’exercice 2014. D’où le fait d’avoir pris soin d’évoquer dans son discours pratiquement tous les sujets de préoccupation qui ont été soulevés jusqu’ici.
Des plus démunis en passant par la classe moyenne, jusqu’aux nouveaux secteurs économiques, le ministre a essayé de respecter la Shopping List du plus grand nombre possible. Cela dans l’optique de corriger une perception largement répandue lors du précédent exercice budgétaire, que le gouvernement avait laissé sur la touche plusieurs catégories de personnes lorsque ce n’était pas des secteurs entiers. Le ministre des Finances a voulu, cette fois, faire comprendre que tout le monde est on board, pour reprendre un slogan très à la mode.
Cette démarche de brasser large de Xavier Duval découle d’un raisonnement politique qui ne trouve pas nécessairement ses racines au Trésor public, mais au plus haut niveau du gouvernement, là où se décident les stratégies politiques. Ils sont nombreux les observateurs à avoir noté que l’ombre du Premier ministre, le Dr Navin Ramgoolam, plane sur ce Budget 2014.
Pouvait-il en être autrement à moins de deux ans de la prochaine échéance électorale ? Pas si sûr, car la préparation psychologique doit commencer maintenant. Et quoi de mieux qu’un exercice budgétaire pour donner le ton. Expliquant ainsi le parfum de campagne électorale qui se dégage de plusieurs mesures annoncées par le Grand argentier. D’ailleurs, comme pour bien situer son rôle, le Premier ministre nous rappelle que le Budget 2014 poursuit dans la voie commencée, non pas en 2006, mais en 1995, lors de son premier mandat.
Si dans la forme, Xavier Duval a réussi à créer un sentiment général que nul n’a été oublié, c’est dans le fond qu’il faudra voir l’impact des mesures budgétaires 2014. Contrairement aux deux exercices précédents, la mise en application des mesures du Budget 2014 pourrait se révéler plus ardue qu’elle n’y paraît. Bien évidemment, nous ne parlons pas des mesures populaires, mais particulièrement de celles qui sont nécessaires pour replacer l’économie sur la voie d’une croissance durable.
Face à un secteur privé qui joue aux abonnés absents, le ministre des Finances semble vouloir prendre le pari de l’investissement en annonçant un plan massif d’investissement public totalisant Rs 54,7 milliards sur trois ans. L’intention est bonne, tout comme les nouveaux chantiers qu’il souhaite ouvrir à travers une ribambelle de hubs allant des services maritimes en passant par les produits pétroliers jusqu’à l’aviation, mais Xavier Luc Duval tout comme nous, d’ailleurs, risque d’être violemment projeté dans la réalité. Quelle est-elle ? Tout simplement que le gouvernement fait face à un gros problème s’agissant de la mise en application des projets.
Les faucons de la Banque de Maurice n’apprennent rien de nouveau au ministre des Finances lorsqu’ils affirment que le renvoi des projets d’investissements contribue à contenir la croissance. Xavier Duval le sait pertinemment bien. D’où sa prudence affichée sur les prévisions de la croissance économique pour l’année prochaine malgré le fait que tout porte à croire qu’il y a un début de redressement de la situation globale. De 3,2 % cette année, il s’attend à ce que l’économie progresse de 3,8 à 4% en 2014.
Une posture prudente qui expliquerait peut-être que Xavier Duval est conscient du fait que sa tâche ne sera pas non plus de tout repos, l’an prochain, pour ce qui est de l’exécution des mesures annoncées. En attendant d’être fixé sur ce point, il est bon de noter que même l’Opposition donne l’impression d’être tombée sous le charme. Son leader, Paul Bérenger, a soigneusement évité de s’attaquer frontalement à Xavier Luc Duval lors de ses déclarations sur le Budget.
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