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Partition à déchiffrer

25 juillet 2012, 10:28

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Toujours imputer le plus vilain rôle à nos politiques ne mène qu’à dévaloriser davantage notre démocratie. A force d’imaginer les plus noirs desseins de nos leaders, nous arrivons à nous convaincre que Ramgoolam ne vise que le pouvoir total pour la jouissance absolue, que Jugnauth ne défend que les intérêts financiers de sa dynastie, que Bérenger n’est agi que par ces pulsions obsessionnelles compulsives qui l’entraînent à changer de partenaire environ tous les cinq ans. Ces analyses systématiquement minorantes de nos élus nous conduisent davantage aux répétitions stériles du Café du Commerce qu’à une rénovation féconde de nos moeurs politiques. Et si l’on tentait, pour une fois, d’imaginer que leur démarche n’est pas tordue…


Navin Ramgoolam a suffisamment vécu en Grande-Bretagne, voyagé en Inde pour savoir qu’il n’est pas nécessaire d’être président pour disposer de pouvoirs étendus. Mais l’homme, sans doute, s’exprime-t-il mal. Quand il dit qu’il doit être président pour changer en profondeur le pays, ses détracteurs imaginent une sorte de Sarkozy débridé réformant à tout-va, pire, un Poutine manipulant les institutions.

Est-ce bien cela qu’entend Ramgoolam ? Et si l’homme voulait plutôt nous dire que notre mode de représentation, tel qu’il est, ainsi que la désignation du Premier ministre, issu de la majorité, confère trop de pouvoirs… aux lobbys, aux groupes de pression, aux factions socioculturelles ? Même s’il ne l’a pas dit clairement, est-ce impossible qu’il le pense ? L’autre ! Toujours excessif dans ses amours comme dans ses désamours, l’autre a-t-il vu uniquement une nouvelle occasion de kase-refer ? Et si Paul Bérenger avait davantage entrevu l’avenir de son parti après lui et, au-delà du MMM, l’héritage politique qu’il pourrait laisser à cet électorat qui, qu’on le veuille ou non, ne fera pas le pas, ne se dira jamais travailliste. Un passage aux affaires, alors que Bérenger peut commencer à passer la main, pourrait sauver le parti mauve du naufrage qui le menace.

Reste cette dernière incertitude, privilège du maître du jeu. A la veille du scrutin, lorsque plus personne ne serait en mesure d’aller vite se rabibocher à côté avec un autre, Ramgoolam pourrait encore décréter la lutte à trois. Pour cela, pour ce qui est du modèle de répudiation d’un partenaire, Bérenger a déjà écrit la partition ces derniers jours.