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Pas un gage de performance

24 janvier 2012, 05:32

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Qu’on ne se trompe pas d’analyse. La bonne performance de Maurice qui s’est placée 8e dans le classement de la «Heritage Foundation» sur la liberté économique n’est pas à être confondue avec la performance de l’économie.

Si la liberté d’entreprendre est un préalable à la croissance, elle n’est pas un gage de performance. La vraie mesure est la croissance du Produit intérieur brut (PIB) et à ce chapitre, cela fait des années que Maurice végète dans la zone des 4 %, avec 4,1 % en 2011 et 4 % tout rond attendu cette année, selon «Statistics Mauritius». La croissance est asthmatique.

A titre de comparaison, la Chine a enregistré 8,9 % de croissance au dernier trimestre 2011. Mais Maurice n’est pas la Chine. D’accord.

Notons toutefois que nos voisins de l’Afrique subsaharienne ont enregistré un taux de croissance de 5,25 % en moyenne en 2011 et le Fonds monétaire international (FMI) s’attend à 5,75 % cette année.

On peut relativiser en se disant que c’est plus facile de progresser à partir d’une base faible tandis que ce n’est pas facile de maintenir des taux de 8 % comme nous dans les années 80 et du décollage économique de Maurice. On pourrait aussi se dire que la croissance en Afrique est basée sur l’exploitation des matières premières et les investissements massifs des Chinois. Des prétextes, on peut toujours en trouver. Mais en attendant, le taux de chômage est grimpé à 8 %.

La crise en Europe a également bon dos. C’est vrai que la zone euro est notre principal marché pour nos exportations, notre tourisme et notre sucre. Sauf que selon les statistiques officielles, les exportations ont crû de 7,8 % en 2011 contre 6,5 % en 2010. Le sucre enregistre une croissance marginale mais pas négative comme en 2010 et le tourisme tire son épingle du jeu avec 4 % de croissance, contre 6 % en 2010.

Certes, dans le textile-habillement comme dans le tourisme, les prix sont constamment tirés vers le bas et les temps sont difficiles pour tous. Les rabais et les «packages all inclusive» sont devenus la norme dans l’hôtellerie touristique. Mais c’est là qu’on juge l’étoffe de nos entrepreneurs et de nos décideurs économiques. Ce n’est, par exemple, pas le moment de défaire la réforme des lois du travail avec une centaine d’amendements dont se vante, à l’avance, le ministre de tutelle. A ce rythme, il ne resterait plus qu’à installer Reaz Chuttoo et consorts au Cabinet.

La qualité de nos hommes d’affaires et de nos capitaines d’industrie est également mise au pied du mur. L’investissement dans le commerce et les services est une évolution naturelle de l’économie : d’une monoculture de la canne à sucre, nous avons évolué vers l’offshore et les services financiers.

Mais cette évolution ne doit pas ressembler à une fuite en avant.

Cela fait des années que certains politiques prêchent «think beyond sugar». Nous ne sommes pas sûrs qu’il voulait dire des «shopping malls» et des complexes commerciaux à tout bout de champ. Littéralement.

Nous ne cesserons de le dire, les Mauriciens n’auront pas le pouvoir d’achat nécessaire pour viabiliser tous ces investissements commerciaux. Et ce n’est pas le moment de compter sur les touristes.

A moins d’attirer enfin ces princes du pétrole dont nous rêvons. Meilleurs voeux pour 2012 quand même…

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