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Passer au vert

La dernière batterie de statistiques environnementales livrée par le Bureau central des statistiques est une véritable mine de renseignements. On commence par un fait qui réjouira les amoureux de la nature et les amateurs de la qualité de l’air. Maurice produit moins de gaz à effet de serre. Certes, sur les trois dernières années, la baisse est minime, mais force est de constater une tendance inverse à celle de nombreuses régions du monde. Ce recul est lié à un recul de la consommation d’énergie. Maurice est d’ailleurs passée au 6e rang dans le classement mondial 2010 « Environmental Performance Index » publié par les universités américaines de Yale et de Columbia, le «World Economic Forum» et la Commission Européenne. En 2008 l’île était encore 58e. Et c’est sur la vitalité de son écosystème que le pays a fait le plus de progrès.
Mais des points noirs subsistent. Dans la production d’électricité, le recours au charbon se taille encore la part du lion avec une proportion de 48,9 %. La part de la bagasse, elle, a reculé avec comme contrepartie une hausse de l’utilisation du fi oul lourd. La production d’électricité est d’ailleurs le principal émetteur de dioxyde de carbone de l’île avec près de 2 millions de tonnes en 2009. Suivi par le secteur des transports avec ses 844 000 tonnes de CO2 émises. Autre point noir : les déchets. Le centre d’enfouissement de Mare Chicose doit faire face à augmentation moyenne annuelle de l’ordre de 4 % des déchets qu’il doit enterrer.
Ces chiffres devraient alerter les responsables politiques. Il serait en effet temps de passer au vert, et de mettre véritablement sur les rails le fameux projet «Maurice île durable» (MID) qui reste pour l’instant relativement fumeux. On ne peut plus se retrancher derrière l’argument de l’absence de fi nancement, puisque MID a reçu une aide budgétaire de 125 millions d’euros de la part de l’Agence Française de Développement (AFD).
Cette dernière se déclare par ailleurs prête à co-fi nancer le projet de métro-léger entre Curepipe et Port-Louis, avec d’autres bailleurs de fonds comme la Banque européenne d’investissement ou la Banque mondiale. Mais nos politiques doivent d’abord se décider pour savoir s’ils veulent un métro-léger ou des couloirs de bus. Sur l’éolien, on piétine. Pourtant, les technologies sont parfaitement au point et les producteurs sont prêts à lancer leur parc d’éolienne. On butte toujours sur les discussions de marchands de tapis avec le «Central Electricity Board» à propos du prix du kilowatt/heure. Maurice ne dispose même pas d’une homologation aux normes internationales sur les chauffe-eau solaires.
Dans le même temps, La Réunion met les bouchées doubles avec son projet environnemental GERRI. On ne peut construire un bâtiment, maison ou immeuble, à l’île soeur, sans y installer un chauffe-eau solaire. Les panneaux photovoltaïques fl eurissent sur tous les toits.
Des prototypes de turbines sous-marines, des systèmes utilisant la force des courants ou l’énergie des vagues sont installés au large des côtes. Un système d’air conditionné réfrigéré par l’eau de mer des profondeurs est en train d’être finalisé à Sainte-Marie, dans le nord-est de l’île. Par ailleurs, La Réunion vient de recevoir un coup de pouces de l’UNESCO qui a classé ses cirques, ses pitons et ses remparts patrimoine de l’Humanité. Une véritable aubaine pour une île qui veut développer l’éco-tourisme. Les hôteliers et restaurateurs mauriciens ont de quoi être envieux.
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