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Passivité

12 octobre 2010, 09:29

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«Si nous ne voulons pas être une société de moutons domesticables et manipulables par toutes les formes de pouvoir, y compris celui de la science, il faut défendre la littérature.» C’est une des plus célèbres citations de Mario Vargas Llosa, le prix Nobel de littérature 2010.

Il enjoint ainsi tous à refuser le bâillon et à faire front commun pour protéger leurs acquis. Sa prise de position sur les enjeux de liberté devrait inspirer à notre pays, en ces temps menaçants, une réflexion sur la responsabilité de chaque citoyen.

Les conditions qui prévalent depuis les dernières législatives ne favorisent pas l’émergence d’une société civile forte capable de s’exprimer sur les questions telles que les Droits de l`Homme, la corruption ou l’absence de démocratie. Face à un pouvoir omnipotent et surtout vindicatif, beaucoup d’entre nous ont choisi de se taire plutôt que de prendre position sur les questions vitales et exercer une pression pour éviter les dérives.

Samedi, un collectif composé de mouvements syndicaux avait invité les travailleurs à manifester contre la vague de suspensions «arbitraires» et de licenciements «injustifiés». Finalement, ce Front Anti-Répression (FAR) n’a pas mobilisé plus de 500 personnes à Rose-Hill. Manifestement, les licenciés de Ti Vegas et de Plaisance Catering Ltd (PCL), pas plus que les employés suspendus à la MBC et à Air Mauritius, ne suscitent la sympathie.

En tout cas, pas assez pour inciter les Mauriciens à descendre dans la rue et se faire entendre. Les syndicats voulaient donner «enn warning» au patronat. Ils ont, eux-mêmes, reçu un avertissement. L’échec de samedi leur a permis de mesurer leur faiblesse.

La démobilisation des travailleurs s’explique en partie par la cacophonie qui règne parmi la direction de la classe syndicale. Mais leur passivité est avant tout une conséquence de la manière de faire des dirigeants politiques. Ceux-ci sont intolérants à la critique.

Quel message est donné à la société civile quand on arrête des journalistes et qu’on les traîne devant les tribunaux ?

Il y a, bien entendu, l’action militante de Jack Bizlall et de quelques autres leaders syndicaux dont Deepak Benydin, Jane Ragoo et Atma Shanto mais leur message est brouillé par les syndicalistes qui sont en mode «collaboration» plutôt que «contestation».

L’un d’eux a trouvé moyen, la semaine dernière, de faire un discours sur l’histoire du syndicalisme mauricien en occultant la lutte des travailleurs durant les années 70. Il prenait la parole à une cérémonie à laquelle le Premier ministre était invité.

Le désengagement ne se limite pas qu’aux acteurs de la société civile. A court de projets, l’opposition brille par son absence dans le débat politique.