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Patrimoine, ou ce qu’il en reste...
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Patrimoine, ou ce qu’il en reste...
 Les seuls combats perdus d’avance sont ceux qu’on n’engage pas…dit le proverbe chinois. C’est dans cette optique là que, rentré à Maurice au début des années 90, j’avais monté, avec l’aide de quelques amoureux du patrimoine, l’APPM (Association pour la protection du patrimoine mauricien).
Vingt ans plus tard, que reste-t-il de nos espoirs ? Que des illusions...La décision de créer une telle association vint d’une visite du site de démolition déjà entamée du bâtiment historique qui abritait, jadis, les fameuses prisons créées sous l’administration de Mahé de Labourdonnais.
Un lieu historique d’une fabuleuse richesse qui aurait pu être, non seulement le témoin architectural vivant de cette période, mais aussi un musée ou des salles pouvant abriter concerts, conférences ou autres avec, en prime, une âme très forte présente dans les murs. L’ensemble fut rasé sans autre forme de procès qu’un pesant silence des autorités concernées (on devrait plutôt dire non-concernées…)
Devant la rage d’agir de notre association, le Bureau local des Nations unies, le PNUD, nous offrit de financer un inventaire architectural des vieux bâtiments et maisons de Port-Louis. Ce que nous fîmes, photos et fiches techniques à l’appui. Le travail fut remis au gouvernement. On n’en entendit plus parler…
Dès lors, et comme pour mieux se venger de cette initiative, on se mit à saccager tous azimuts avec en tête des crimes commis, celui de l’imprimerie du Gouvernement, ancienne boulangerie du Roi et plus ancien bâtiment de la capitale.
Nous fîmes ensuite venir à Maurice l’architecte en chef des Bâtiments de France, qui venait de mener à bien une tentative de rénovation patrimoniale de Singapour, dont les responsables politiques venaient de se rendre compte que le remplacement du vieux Singapour par des tours avait été une vraie catastrophe sur le plan touristique.
Ce monsieur fit des recommandations, dont aucune ne fut retenue… A partir de ce moment-là, et comme un film d’épouvante qui se déroulait sous nos yeux, les crimes succédèrent aux crimes sans que nous puissions les arrêter crimes d’état, crimes municipaux et crimes de particuliers.
Petites maisons et bâtiments publics disparurent ainsi de notre vie, sous la pioche des démolisseurs, l’appétit des promoteurs et la complicité active des autorités non concernées. Aujourd’hui, le constat est dramatique. Nous sommes probablement le pays au monde, qui proportionnellement, par sa taille, possède l’héritage architectural le moins important. Et nous sommes probablement le pays qui le massacre le plus allègrement.
Qu’est-ce à dire ? Tout simplement que les différents gouvernements qui se sont succédé dans ce paradis, puisque c’est ainsi qu’on se nomme, ont été incapables de communiquer à la population dont il a la charge, la notion de protection de ce patrimoine.
Quant au gouvernement actuel, il est probablement celui qui, à travers le mépris affiché à l’égard de toutes les questions patrimoniales, se trouve en tête du hit-parade de la criminalité environnementale. Crimes par omission, non-assistance à bâtiments publics en danger, crimes avec préméditation (les casernes Decaen transformées en place de camions), reconstructions de bâtiments publics (postes de police, entre autres) sorties des méninges d’architectes en proie à des cauchemars post-éthyliques, aménagements délirants de lieux publics (Le Macondé remporte la palme de l’horreur avec ses marches et rambardes en béton…).
Une chose est sûre pour moi. Je ferai désormais campagne sur le plan des prochaines consultations électorales, en tenant compte seulement et uniquement du facteur environnemental dans son sens le plus large. Je me battrai, informerai, ferai savoir et convaincrai que le gouvernement en place actuellement ne mérite pas qu’on le reconduise aux affaires tant sa culpabilité sur ce plan-là est prouvée et reconnue.
A chacun ses priorités. les miennes sont claires et nettes...
 
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