Publicité
Pax Americana

Chacun de nous se souvient où il était le 11 septembre 2001 quand la toute-puissance américaine a été ébranlée en plein coeur. Dix ans que le terrorisme est devenu un enjeu central des relations internationales : les agences de sécurité des pays occidentaux restent sur le qui-vive, les pays abritant des réseaux terroristes sont quotidiennement la proie d’attaques. A quelques jours de la date anniversaire marquant cette décennie, l’express iD propose différentes entrées pour appréhender et se rappeler cet événement majeur de l’histoire contemporaine.
Partout, des hommes et des femmes ont pris un choc en pleine face en voyant d’abord les avions s’écraser sur le World Trade Centre puis les tours s’effondrer. D’autres ont jubilé en se disant que l’hyper-puissance américaine presque hégémonique depuis la chute du mur de Berlin en 1989 a payé pour son arrogance. La paix à l’américaine, les Etats arabes n’en ont pas voulu. Le concept du Nouveau Moyen-Orient (New Middle East), façonné à Washington au lendemain des attentats du 11-Septembre, n’a pas pris. «De la Mauritanie au Pakistan», il s’agissait d’imposer la démocratie, analyse, dans l’entretien en page 10, Jean-François Daguzan, spécialiste du terrorisme international. Par la force, s’il le fallait.
Dès le 12 septembre 2001, la guerre contre le terrorisme était déclarée. Elle semblait légitime. L’ennemi avait un visage : Ben Laden, débusqué et tué dix ans plus tard près d’Islamabad au Pakistan. Sa mort n’est en rien une victoire. Al- Qaida et ses avatars constituent une mouvance pollinisée qui utilise les attentats-suicides, arme de précision du pauvre, qui dévoie l’essence d’une religion pour en faire une justification, qui instille la peur et provoque la colère.
La violence considérée légitime contre le terrorisme, par l’implication en Afghanistan, est apparue comme un moyen d’imposer, paradoxalement, la paix et d’éradiquer les sources du Mal. L’Irak a été la goutte d’eau de trop : unilatéralement, les Etats-Unis ont décidé de débarrasser Bagdad de Saddam Hussein plutôt que d’avancer sur la question israélo-palestinienne, racine de bien des maux dans la région. Dix ans après, l’équilibre des forces a considérablement changé. Les Etats-Unis ne sont plus la puissance incontestée et incontestable. Le vent de la démocratie dans les pays arabo-musulmans ne s’accompagne pas du bruit du rotor des hélicoptères militaires US : c’est le trop-plein de la rue, l’étouffement, la paralysie, qui augurent un «Nouveau Moyen-Orient». N’en déplaise aux théoriciens américains.
En dix ans, c’est aussi la peur qui s’est instillée, obligeant à renforcer les dispositifs de sécurité (et Diego Garcia d’être indispensable, donc hors de portée des revendications mauricianochagossiennes), notamment aéroportuaires (voir l’article en couverture de l’express iD). C’est aussi une méfiance, voire une peur insidieuse, de l’islam et des musulmans, qui se sont installées dans de trop nombreuses caboches friandes du raccourci «barbu = musulman = terroriste», constate-t-on à la lecture de l’article «L’islam au-delà des représentations», en page 11.
Une décennie n’a pas permis d’imposer une Pax Americana. Elle a inauguré la fin de l’hégémonie américaine.
Publicité
Publicité
Les plus récents




