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Peuple amorphe ou endormi ?
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Peuple amorphe ou endormi ?
Il faut bien l’admettre. Notre société a su développer, au fil des années, depuis l’indépendance, la capacité de sauter du coq à l’âne et cela, en un clin d’oeil !
Ou alors, ce qui est peut-être plus près de la vérité, nos gouvernants excellent dans la démarche de nous jeter des red herrings, comme dit l’Anglais, en pâture et, ce faisant, encore une fois, merci l’Anglais, divert attention. Et nous, peuple admirable que nous sommes, mordons à l’hameçon à tout coup.
La dégradation des moeurs dans le pays, le pourrissement de nos institutions, la perte des valeurs de notre société, la situation alarmante d’insécurité, la quasi institutionnalisation de la fraude et la corruption à tous les niveaux, la fragilité grandissante de notre économie, avec une dette publique insoutenable – malgré la poudre qui nous est jetée aux yeux régulièrement pour nous faire croire que tout va pour le mieux –, la prolifération effrayante de la drogue, la montée fulgurante des cas d’abus et de sévices sexuels… sont autant de préoccupations qui auraient dû nous interpeller et nous inciter à mettre notre intellect collectif à contribution en vue de trouver les solutions aptes à faire renverser cette vapeur écorchante. Même la force policière n’échappe pas à cette dégradation généralisée. Vol, viol, délit de fuite, convoitise, agression sexuelle, tout y passe. Et quid des scandales qui nous éclatent à la figure presque quotidiennement? Seulement voilà ! Plus rien ne choque, tellement c’est devenu notre lot régulier.
Même les réponses fournies, en parcimonie, par les ministres aux multiples questions parlementaires de l’opposition ne semblent nullement chiffonner le peuple. Sinon, comment expliquer cette imperturbabilité palpable qui semble nous envelopper devant des aveux ministériels de gaspillage grotesque des fonds publics, comme au niveau des infrastructures publiques, ou celui des projets farfelus, tel le survol en hélicoptère des conseillers de la ville de Quatre-Bornes ou encore la nomination à des postes, créés plus pour caser des copains et copines que pour faire progresser le pays ?
Cette graduelle descente, subie avec une presque fatalité, a fini par saper la confiance des citoyens de notre pays. Cette perte de confiance effraie, étant plus accentuée chez nos jeunes. Le sondage effectué récemment nous informant qu’une majorité de notre population serait candidate à l’émigration, s’ils en avaient l’opportunité, nous donne une indication de l’ampleur des maux qui rongent notre société.
Or, que font nos gouvernants devant autant de problèmes aux racines profondes ? On nous offre une bataille d’ego. Tantôt entre ministres et chefs d’institutions tombant sous la juridiction de leurs ministères et tantôt entre ministres eux-mêmes, sinon entre les élus(es) d’une même circonscription. L’on s’enorgueillit du prix octroyé par un quelconque magazine qui se dit régional, mais dont le site web est quelque peu erratique, alors que les indicateurs économiques du pays n’augurent rien de bon. Mais comme des bons patriotes, le peuple applaudit. Ce même peuple que l’on met sous perfusion anesthésique, d’une main experte, en lui offrant des copies pâles de carnaval à la Rio en espérant que son attention et sa vue resteront éblouies, du moins pendant quelque temps, par les beaux plumages qu’arborent ces invitées aux contours parfaits et fascinants, venues d’autres cieux et avec qui posent fièrement nos responsables.
Alors qu’on aurait pu très bien monter, en faisant preuve d’imagination, un festival haut en couleurs locales, ayant pour base la culture que l’on a su brasser au fi l des décennies de partage d’espace. Mais, pour cela, il nous faut des dirigeants d’un certain niveau, qui ne se laisseraient nullement guider par des considérations partisanes ou soi-disant religio-socioculturelles !
Le récent débat, plutôt académique dans sa perspective, entourant la laïcité est bien, mais ce n’est que quand on se sera débarrassés des préjugés qui existent en notre esprit collectif, et que l’on pratique ce que l’on prêche que l’on pourra décréter notre pays séculaire.
Sinon, tout ce remue-ménage n’aura servi, encore une fois, qu’à dévier l’attention de ce peuple admirable de tous les problèmes qui le guettent ! Que l’on se souvienne de l’origine des incidents, un soir de campagne électorale, à Ébène, pour être bien vite fixés sur l’hypocrisie !
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