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Positionnement

L’intérêt publiquement exprimé sur Radio Plus par le ministre des Affaires étrangères, le Dr Arvin Boolell, à succéder dans quelques années au Dr Navin Ramgoolam (« légitimement », précise l’intéressé avec prudence) comme leader du Parti travailliste, au terme d’un quatrième mandat, est un développement politique assez significatif pour faire tendre l’oreille.
C’est en effet la toute première fois, depuis le retour au pouvoir du Premier ministre en 2005, que la question de l’après-Ramgoolam est abordée au Parti travailliste autrement que par des boutades lancées ça et là par le PM lui-même pour la galerie - même si cette succession n’est encore évoquée que comme une assez lointaine perspective.
L’intérêt de Boolell pour le leadership intéresse à plus d’un titre. Arvin Boolell a, en effet, autrefois cultivé quelques ambitions personnelles, qu’il n’a jamais osé porter jusqu’au bout en montant un challenge, même après la défaite travailliste de l’an 2000, quand Navin Ramgoolam avait le genou à terre. Ce n’est donc pas aujourd’hui que Navin Ramgoolam a consolidé une autorité extrême que Boolell croira davantage en ses chances de le confronter. D’où la stratégie d’attente du chef de la diplomatie mauricienne et son choix de n’être jamais un challenger tant que le Premier ministre souhaitera demeurer en fonction.
Pourquoi alors Arvin Boolell se manifeste-t-il aujourd’hui comme un éventuel candidat au primeministership, alors que la question ne semble pas vraiment se poser ? La réponse se trouve dans le facteur Anil Bachoo – un autre nouvel élément à ajouter à la complexité de la troublante situation politique mauricienne et qui pourrait peser de plus en plus lourd dans l’équation à l’avenir. On l’a longtemps cru dans l’opposition : si au gouvernement Bachoo fl anche, tout change. Or, c’est exactement le contraire qui est en train de se produire. Lentement mais sûrement, Anil Bachoo occupe peu à peu le terrain et monte en grade à l’Hôtel du gouvernement. Sa promotion récente par Navin Ramgoolam aux foncions de vice-Premier ministre et numéro 4 du gouvernement, au départ de Pravind Jugnauth de l’alliance de l’Avenir, n’était pas du tout innocente.
Maîtrisant parfaitement d’infl uents réseaux socioculturels, associé de très près à tout ce qui touche à l’encadrement administratif des sociétés religieuses hindoues et de Grand-Bassin, à la tête d’un grand ministère disposant d’importantes dotations budgétaires de plusieurs dizaines de milliards et dont le bilan (l’amélioration indéniable du réseau routier) s’affiche aujourd’hui au grand jour dans toute l’île, lui-même un phénomène politique rural reconnu (a l’Est), Anil Bachoo est aujourd’hui devenu une pièce importante du dispositif politique de Navin Ramgoolam.
Autrefois proche de sir Anerood Jugnauth, ayant aussi flirté en d’autres temps avec Paul Bérenger, Anil Bachoo a aujourd’hui choisi clairement son camp et a associé son destin politique à celui de Navin Ramgoolam. Il s’est distingué récemment encore en invitant SAJ à se retirer de la vie politique pour consacrer Navin Ramgoolam comme le leader indiscutable du pays et de sa composante majoritaire, tout comme en 1983 sir Seewoosagur Ramgoolam s’était effacé pour laisser émerger sir Anerood Jugnauth comme chef du gouvernement.
Ces renvois d’ascenseur entre Anil Bachoo et Navin Ramgoolam déstabilisent Arvin Boolell et de nombreux travaillistes historiques, qui sentent le terrain susceptible de leur glisser sous les pieds. En jetant son
chapeau dans le ring, Arvin Boolell laisse savoir qu’il n’abandonnera pas et que le parti a encore des alternatives sur lesquelles compter dans toutes les éventualités.
Alors que les observateurs s’interrogent encore sur les intentions des uns et des autres, il est probable que Paul Bérenger et le MMM, eux, encouragent ces ambitions boolellistes, même s’ils n’y croient pas tout à fait. Satcam et Arvin Boolell ont longtemps été vus par l’opposition MMM en quelque sorte comme les Poulidor du PTr : d’éternels seconds souvent très près du but mais pas tout à fait là, n’osant pas oser, laissant passer leur chance.
Arvin Boolell, en réalité, dans les circonstances présentes, fait la bonne analyse : Il n’a sans doute aucune chance face à Navin Ramgoolam. La vraie question pour lui sera pourtant de savoir s’il pourra contenir cette fois Anil Bachoo ou si la montée de celui-ci au PTr demain serait irrésistible.
Ce qui pourrait alors altérer bien des plans. Et pas seulement au PTr.
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