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Pour des lendemains vraiment meilleurs
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Pour des lendemains vraiment meilleurs
Ce pays est à plus d’un égard un miracle. Les fées coloniales qui s’étaient penchées sur son berceau en 1968 lui prédisaient un avenir difficile constitué de tensions sociales, de faim et d’émigration. Elles ne commettaient qu’une erreur : celle d’extrapoler et donc de penser que l’avenir serait dessiné avec les mêmes lignes que le passé. Bien évidemment, le Colonial Office de l’époque ne pouvait s’empêcher de penser, paternaliste, que sans son aide et son soutien, la situation allait devenir, sans idées neuves, plus difficile pour ce petit bout de caillou au milieu de l’océan.
Ce qui nous valut un avenir différent, fut la rupture d’avec quelques habitudes et carcans d’hier. Pas une fois, mais plusieurs fois déjà. Plutôt que de croire à la pérennité du «king sugar» , des braves osèrent l’industrialisation, d’abord dans un marché local alors jugé trop faible et puis, pour l’exportation vers un marché mondial estimé, il y a 45 ans, bien trop concurrentiel. L’expérience ne fut pas sans coût, le travail était dur, mais le pays fit un pas décisif. Le premier gouvernement indépendant eut la volonté d’un «welfare state», qui même coûteux et souvent gaspilleur, permit la promotion sociale de larges pans de la population vers des aspirations supérieures. Ce fut salutaire aussi. D’autres coups de barre s’y ajoutèrent : le triomphe du tourisme, les budgets de rupture de ‘82 (TVA) et de ’83 (fiscalité/travail) ; l’ouverture du pays aux étrangers (IRS, offshore, tourisme médical…), mais la leçon est claire : l’extrapolation du passé et le faire-tout-commeavant a ses limites. Sauf si on veut piétiner, évidemment. Il faut certainement se battre pour préserver les acquis, pour améliorer l’ordinaire, mais c’est en Assurant des ruptures fondamentales que l’on avance, que l’on change de ligue. L’américain dirait qu’il nous faut, ces jours-ci, à nouveau «change the ball game» pour progresser…
Je vous propose sur les prochaines semaines quatre pistes de réfl exion. Elles n’ont rien de spécifiquement novatrices. On en parle même depuis des lustres ! Mais c’est bien là le vrai problème : on en parle pas mal, mais on fait bien moins ! On ne s’y focalise pas assez, on s’éparpille sur d’autres sujets moins pertinents et même quand des initiatives y sont prises, elles s’émoussent face aux résistances et aux difficultés. Les 4 axes à considérer, sont, à mon sens, l’environnement, la guerre à la pauvreté, la productivité et l’éducation. Dans l’ordre inverse.
L’éducation doit être révolutionnée car si nous y réussissons notre «quantum leap», nous assécherons du coup beaucoup d’autres problèmes. Un citoyen bien ancré, confiant, outillé à apprendre pour le reste de sa vie voudra dire moins de sécu, de services sociaux, peut-être même de police. L’étudiant encyclopédique, qui apprend par coeur et qui régurgite, qui a peu de curiosité propre, d’appétit du savoir, de créativité que nous produisons généralement ne nous mènera pas à la prochaine étape de progrès national. Les rejetés du système non plus et ils sont nombreux ! Il nous sera requis donc de changer de cursus et d’examen national ; de démocratiser l’accès aux écoles d’excellence en function d’aptitudes, pas de berlines ; de bannir les leçons particulières, sauf au sein même de l’école ; d’abandonner le modèle d’éducation monolithique actuel et de favoriser les expériences plurielles (en y ajoutant, par exemple, des «magnet schools» et des projets de «charter schools» ), d’expérimenter avec les «vouchers» et l’école virtuelle (Voir Khan academy, par exemple), de bien mieux valoriser le sacerdoce du professeur en le payant bien plus «on merit» qu’en «increment» de séniorité, de reconnaître les écoles non pas comme maintenant seulement pour avoir bien fait à partir de tout ce qu’il y avait de mieux au départ (comme les «star schools» ou les «fabriques à lauréats»), mais au contraire pour récompenser la «valeur ajoutée » par l’école. En effet prendre les 100 meilleurs identifiés par la CPE pour en sortir des «lauréats» au bout de 7 ans n’est pas très méritoire… …Sûrement moins, tout de même, qu’un college qui prend un enfant jugé moyen, qui identifi e ses talents particuliers, le stimule et l’encadre jusqu’à en faire un lauréat d’informatique, de théâtre, de multilinguisme ou de système D ! La validation de toutes ces initiatives par des tests style PISA par exemple, pour nous situer par rapport à ce qui se fait de mieux de par le monde, viendrait completer l’arsenal à mobiliser, sans retenue, pour bousculer le petit monde actuel qui protège les acquis de certains et le confort défendu par les syndicats. L’éducation de demain demandera plus d’effort, sera mieux valorisée et produira des citoyens transformationnels !
Un texte de 400 mots n’est pas évidemment fait pour établir un plan éducatif national ancré sur l’audacieux, mais l’évidence ne peut être niée : notre education nationale patauge et doit être révolutionnée rapidement et profondément, sinon nous nous laisserons immanquablement distancer et nous allons encore rater des occasions. Les autres ne s’y trompent pas, eux : aux Etats-Unis, en Scandinavie ou en Chine, on revisite constamment, on s’adapte, on innove. Ça va prendre du temps ? Assurément ! Mais plus on retarde la remise en question et plus le pays va prendre du retard…
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