Les observateurs politiques doivent s’en être rendu compte. Celui qui cristallise toutes les critiques des deux principaux partis de l’opposition, le Mouvement Militant Mauricien (MMM) et le Mouvement Socialiste Militant (MSM), n’est personne d’autre que le ministre des Finances, Rama Sithanen.

D’où vient ce rejet de Sithanen? Qu’est-ce qui lui vaut cet honneur? Il y a plusieurs explications à cela. Habituellement, les ministres des Finances sont les personnages les plus exposés après les Premiers ministres. Mais lorsqu’ils sont ciblés de manière aussi systématique comme l’est actuellement Rama Sithanen, c’est qu’ils représentent quelque chose qui agace les opposants.

D’abord, Rama Sithanen est celui qui a porté le projet économique de l’Alliance sociale aux dernières législatives. A ce titre, il est indéniablement l’un des hommes forts de ce gouvernement. C’est sa crédibilité de gestionnaire qu’il a mis au service de ce gouvernement. Décrédibiliser Rama Sithanen, c’est affaiblir l’argumentaire qui veut que le gouvernement ait un bilan économique honorable.

Ensuite Rama Sithanen est devenu l’homme à abattre dans tous les scénarii électoraux que concoctent ses adversaires politiques. Il est l’obstacle qui pourrait faire échouer une éventuelle alliance du Parti Travailliste (PTr) avec ou le MMM ou le MSM. Aucun des deux ne veut de lui dans un éventuel gouvernement où ils y seraient. D’ailleurs avec Navin Ramgoolam dans le fauteuil de Premier ministre et Rama Sithanen aux Finances, il ne reste plus de poste prestigieux et déterminant à prendre.

Enfin et non des moindres, Rama Sithanen est très apprécié par la majorité des plus puissants acteurs économiques de Maurice. Il est le plus fervent défenseur du marché. Mais parallèlement, il soigne aussi la conscience des possédants avec une politique sociale qu’il veut ambitieuse.

Lorsqu’on est en aussi bons termes avec les puissants, on est plus à même de garantir un soutien financier pour les élections. Et comme l’on sait que les élections coûtent chères…

Ce dernier élément, à lui seul, suffit de faire de Rama Sithanen l’homme sur qui on jette immanquablement l’anathème.

Nazim ESOOF