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Quelle modernité ?
Une campagne électorale est très révélatrice des peurs, des attentes, des aspirations de la population. Celle qui se déroule actuellement l’est particulièrement sur la question du vivre ensemble mauricien. Il y a d’une part l’affrontement de deux grands blocs qui restent englués dans le jeu ethnique et castéiste avec toutes ses dérives potentielles.
D’autre part, il y a la plateforme regroupant Rezistans et Alternativ et le Mouvement 1er Mai et leur initiative contre le communalisme et les propositions pour une nouvelle constitution.
A l’heure où nous écrivons, Navin Ramgoolam et l’Alliance de l’Avenir ont toujours le cas de Rama Sithanen sur les bras. L’ampleur qu’a prise cette affaire est venue bouleverser sérieusement les calculs électoraux des stratèges du PTr et de ses partenaires actuels.
L’indignation ressentie et la révolte exprimée par la population au traitement qui lui a été accordé renvoient à quelque chose de fondamental : l’attachement d’une majorité de Mauriciens aux valeurs humaines de base qui transcendent l’appartenance de classe, de communauté et de caste. Cette majorité n’aime pas l’injustice, a un sens de l’amitié et de la reconnaissance, déteste l’arrogance et le mépris dont sont capables de trop nombreux puissants du jour. La surprise des politiques face à ce mouvement de l’opinion est la manifestation concrète de la « déconnection » entre le politique et une société civile qui « pa pe rod enn bout ».
Le phénomène Sithanen est venu se greffer sur les modalités de la constitution de l’Alliance de l’Avenir. Le rational des modalités de cette alliance reste toujours un mystère. Navin Ramgoolam ressent le besoin de rassurer dans ses meetings. D’abord, que c’est lui le boss, et ensuite qu’il est un rassembleur et qu’il a et aura à coeur l’intérêt de toutes les composantes de la population. Au vu du déroulement de la campagne dans les médias et sur le terrain, force est de constater l’importance de la problématique « majorité » et « minorité » ethniques et de la représentation castéiste, et la dangereuse présence des forces sectaires.
Sur fond de malaise social et de sentiment d’insécurité, est venu s’ajouter aujourd’hui un malaise ethnique qui ira en s’amplifiant jusqu’au 5 mai, et même après. Au-delà de la victoire d’un des deux grands blocs, le pays est déjà meurtri dans sa quête d’unité et de modernité. Il y a de quoi désespérer de nos politiques et d’une bonne partie de nos élites, qui le temps d’une élection, deviennent des vecteurs actifs d’une république de tribus afin de sécuriser ou d’acquérir leurs « bouts ».
Heureusement qu’il y a ceux qui persistent et signent sur la centralité du principe citoyen, fondement du vivre ensemble. A l’exemple de la plateforme Rezistans ek Alternativ – Mouvement 1er Mai dont la démarche et la devise « Ecologie, égalité et citoyenneté » constituent une véritable bouffée d’air dans la présente campagne. Leurs idéesont le mérite de répondre à nos vraies préoccupations sociétales. Sachons apprécier leur contribution dans l’entreprise d’invention et d’imagination d’un modèle de développement durable. Pourraient-ils être, les membres de cette plateforme, les porte-drapeaux d’une modernité nouvelle ?
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