C’est la question que se posent de nombreux électeurs à l’approche de chaque élection. On entend ainsi souvent des expressions du genre «pays là pou lascar», ou «pays toujours pou reste pou malbar», ou encore «pays là pé vinn pou créole»…

Avant même qu’on n’annonce la date des prochaines législatives, ces niaiseries ont déjà refait surface. C’est une bonne indication de ce qui nous attend devant.

Ce ne sont probablement qu’une fabrication dans la tête des gens. Mais le simple fait de les évoquer traduit la plus grande fracture nationale. Car il y a encore des Mauriciens qui quittent le pays parce qu’ils ne s’y sentent pas chez eux. D’autres encore sont devenus des partisans du moindre effort parce qu’il ne trouve aucun plaisir à construire un pays qu’ils ne sentent pas le leur.

A qui donc appartient ce pays? Aux ramgoolamistes? Aux bérengistes? Aux jugnauthistes? Evidemment que non. Aux hindous? Aux musulmans? Aux créoles? Aux blancs? Encore moins. A qui alors? De toute évidence, la réponse, c’est à tous les citoyens. Mais le problème se pose du fait que cette notion de citoyenneté demeure encore floue? Le problème s’accroît du fait que le souffle républicain qui devrait fournir du sens à cette citoyenneté est encore plus flou…

C’est une île avec une jeune histoire, nous dit-on. L’espoir qu’un jour ce pays arrive à appartenir à tout le monde est permis. Ne serait-ce qu’une utopie?