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Recul
En 2006, le pays inaugurait une nouvelle ère lorsque le gouvernement d’alors, avec Rama Sithanen comme ministre des Finances, introduisait la Business Facilitation Act. Un texte de loi dont l’objectif était sans équivoque : assainir le climat d’investissement à Maurice. Huit ans après, nous voilà de retour à la case départ. C’est du moins le sentiment de bon nombre d’industriels locaux.
Le sondage trimestriel effectué par la Chambre de Commerce et d’Industrie auprès des dirigeants d’entreprises dans le cadre de la publication de son indicateur de confiance révèle, en effet, que plus de deux tiers des sondés estiment que « l’imprévisibilité et la hausse inconsidérée des coûts indirects ont fortement affecté la conduite des affaires ». Pire, les capitaines d’industries identifient le coût de la conduite des affaires comme le principal frein à la performance des entreprises durant le trimestre qui tire à sa fin. Résultat : l’indicateur synthétique de confiance baisse de 3,1 % pour se fixer à 85,3 points.
Ce recul intervient après la hausse enregistrée au quatrième trimestre se terminant en décembre 2013. Comment s’en étonner après avoir assisté aux tergiversations entre les collectivités locales et le ministère des Administrations régionales sur l’augmentation des trade fees. Cette baisse de confiance est une piqûre de rappel à ceux qui, ces derniers temps, donnent l’impression d’oublier que les entreprises sont très attentives au climat des affaires surtout lorsqu’il s’agit de prendre des décisions d’investissement visant à étendre leurs activités.
Trop souvent, nous avons tendance à nous focaliser sur les investissements directs étrangers. Or, il est important de comprendre que la majeure partie des investissements privés est le fait des entreprises locales. Pour éviter que les anticipations des entrepreneurs locaux sur l’investissement pour les douze prochains mois ne se réalisent, c›est-à-dire prévenir la baisse annoncée, les pouvoirs publics se doivent d’offrir une meilleure prévisibilité à la communauté des affaires en matière de politique.
C’est d’autant plus important si nous voulons relancer la croissance et créer des emplois. Il est toutefois malheureux de le dire, mais certaines mesures prises récemment sont loin d’être incitatives. Au lieu d’instaurer un environnement favorisant une plus grande compétitivité, elles n’ont fait qu’alourdir davantage les charges des entreprises. Cela alors que très souvent le service qui est offert, que ce soit par les collectivités locales ou encore par certaines agences gouvernementales, laisse beaucoup à désirer.
Cette baisse du moral des entrepreneurs devrait également nous inciter à nous pencher sur les « progrès » que nous estimons avoir réalisés jusqu’ici dans le domaine de la conduite des affaires sur la seule base des évaluations de la Banque mondiale. Nous devons impérativement élargir nos points de référence car il n’est pas dit que ces indicateurs reflètent la réalité. La preuve : l’Adriactic Institute for Public Policy n’avait pas hésité, en 2008, à remettre en question les « éloges douteux » de l’institution de Bretton Woods à l’égard de la Croatie.
Alors que la Banque mondiale avait trouvé que ce pays était un « top reformer » avec une progression de 23 places dans son Doing Business Report, un autre rapport de l’Union européenne couvrant la même période faisait état de « corruption largement répandue ».
En d’autres mots, nous devons éviter de croire que notre classement dans les rapports nous attire automatiquement des investissements directs étrangers, les nouvelles technologies, favorise la création d’emplois ou encore stimule la compétition pour baisser les prix tout en élargissant l’accès à des produits et services. Il n’y a qu’à voir les statistiques pour s’en rendre compte. Les investissements directs étrangers ont été jusqu’ici dirigés, en grande partie, vers le secteur du développement foncier à travers l’Integrated Resort Scheme et le Real Estate Scheme, entre autres.
Ce n’est pas, non plus, en faisant preuve de complaisance et encore moins en se gargarisant des éloges de certaines personnalités étrangères que nous réussirons à bâtir un « world-class investment climate ». Certes, le gouvernement a mis en place un Fast Track Committee sous la présidence du Secrétaire financier pour accélérer le processus d’évaluation des demandes de permis concernant les projets majeurs, mais en même temps nous devons nous poser la question de savoir si le même traitement ne devrait pas s’étendre à tous les projets d’investissements.
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