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Relance ou rigueur ?

21 juillet 2010, 09:16

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Pour sortir de la crise, faut-il relancer la croissance par des injections de liquidités dans la machine économique au risque de creuser la dette et les déficits? Ou faut-il se serrer la ceinture et assainir les finances publiques avant de repartir sur des bases plus solides ? Début juillet, quelque 130 experts se sont réunis à Aix en Provence en France pour débattre de la question. Et force est de constater que les économistes ont du mal à s’entendre. D’un côté, on trouve les partisans de la rigueur qui estiment que le gonflement de la dette publique porte en lui les effets les plus nocifs. Et la crise grecque semble leur donner raison. Dans ce contexte, la solution est bien évidemment de passer par des plans d’austérité. Pratiquement tout le monde s’y est d’ailleurs mis en Europe. Mais d’un autre côté, on retrouve les apôtre de la relance. Pour eux, les coupes dans les dépenses publiques risquent de saper le potentiel de croissance. Dès lors, les plans de rigueur pourraient tuer dans l’oeuf la croissance qui s’annonce de toutes les façons modeste.

A Maurice, le débat ne fait pas encore rage, mais on voit bien que le gouvernement dispose d’une marge de manoeuvre relativement étroite. Le ministre des Finances Pravind Jugnauth a bien souligné que l’ «Additional Stimulus Package» serait maintenu. Des aides plus particulièrtement adaptées au petites et moyennes entreprises (PME) vont même être développées. Reste la question des financements. Le gouvernement vient de faire voter Rs 9,6 milliards de dépenses additionnelles pour l’année financière 2008/2009 et le deuxième semestre 2009.

Sur certains poste les dépenses réelles ont été multipliées par 10 par rapport à la dotation initiale. Signe incontestable d’une dérive. Parallèlement, le rapport de l’Audit a mis l’accent sur l’endettement public qui est sorti des clous en passant au dessus de la barre des 60 % du Produit Intérieur Brut (PIB). Or, selon le «Public Debt Management Act», le ratio de la dette sur le PIB doit redescendre sous les 50 % d’ici 2013. Ce qui représente plus de 10 point en trois ans.

Cette dégradation du ratio dette/PIB pourrait également entraîner un durcissement des conditions de crédit pour Maurice. En clair le pays serait amené à emprunter à des taux plus élevés. Les agences de notation et les bailleurs de fonds sont en effet attentifs à la situation mauricienne. Autre complication qui, elle, va devoir être gérée très prochainement : le gouvernement a concentré sa dette à court et moyen terme. Résultat 46 % de la dette soit Rs 57,8 milliards vont devoir être remboursés cette année. Et le gouvernement n’aura pas d’autre choix que de recourir à l’emprunt. Cette perspective d’une spirale incontrôlable de la dette a d’ailleurs alerté le directeur de l’Audit. Ce dernier a mis en garde contre une phénomène de «debt trap» et a souligné la nécessité de briser le cercle vicieux de la dette et des déficits et de ramener la dette du pays sur une tendance baissière. Personne ne pourra dire qu’il n’a pas été prévenu.

 

Pierrick Pedel