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Revoilà les médecins tueurs
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Revoilà les médecins tueurs
Le pays a déploré cette semaine deux cas qui pourraient être qualifiés d’erreurs médicales. Le premier concerne un enfant admis à l’hôpital du Nord. Les médecins n’arrivent pas à déceler son œdème cérébral. Il est aussi allégué que quand la situation s’était empiré, le pédiatre de garde n’était pas présent et avait donné aux infirmiers des instructions pour les soins par téléphone. L’annonce de la mort de l’enfant a donné lieu à une agression alléguée sur un médecin.
Le deuxième cas concerne une grand-mère, victime d’un accident de la route et qui est traitée aux urgences de l’hôpital Jeetoo, à Port-Louis. Elle est renvoyée chez elle avec des médicaments antidouleurs. Elle meurt quelques heures après, car les médecins aux urgences n’avaient pas décelé qu’elle avait des côtes cassées.
Notre propos ici n’est pas de déterminer s’il y avait erreur médicale ou non dans ces deux cas. Une enquête est en cours à ce sujet.
Mais nous ne pouvons mettre de nouveau le doigt sur un aspect de la question qui relève de la responsabilité du ministère de la Santé et de ses techniciens.
En effet, il y a une absence quasi totale de protocole et de procédure établie dans nos hôpitaux et les médecins font comme bon leur semble. Et souvent ils donnent dans l’erreur.
L’absence de protocoles , de consignes et de recommandation pour les soins et la prise en charge des malades et des accidentés rend la situation catastrophique à Maurice, parce que le pays a un personnel médical comprenant un nombre très élevé de jeunes médecins inexpérimentés – et souvent de formation douteuse.
L’absence de ces protocoles et de recommandations professionnelles sont inexcusables devant le manque d’engagement de ces jeunes médecins, mais aussi devant le manque d’encadrement de ces néophytes.
Les recommandations professionnelles sont définies comme « des propositions développées selon une méthode explicite pour aider le praticien et le patient à rechercher les soins les plus appropriés dans des circonstances cliniques données ».
Le protocole se définit simplement comme un descriptif de techniques à appliquer et de consignes à observer. Il est considéré comme une aide aux médecins dans la prise des décisions et il permet d’adapter les soins en fonction des besoins et de l’état de santé du malade.
Le ministère de la Santé a mis en place uniquement des protocoles organisationnels. Le système d’enregistrements des malades lors de leur arrivée à l’hôpital, le système de carte, la décision de les acheminer aux urgences ou aux dispensaires etc. sont des protocoles organisationnels.
Mais il n’y a encore aucun protocole concernant les soins dans différentes circonstances et dans les différentes unités alors que tout service de santé qui se respecte fonctionne avec des protocoles qui sont régulièrement analysés et révisés pour assurés des normes strictes de soins.
Ces protocoles cliniques ne sont pas cependant la réponse magique au mal-être de nos services de santé, car sans engagement, sans un excellent encadrement des jeunes médecins inexpérimentés, et sans un esprit d’équipe, les protocoles ne serviront à rien.
Au début de cette année, « la Prévention Médicale », une association française publiait une étude sur les résultats objectifs entre 2005 et 2007 dans la prise en charge des infarctus par les hôpitaux en comparant les top performers aux médiocres.
Les auteurs concluent qu’une médecine par les preuves et réglée par les protocoles est sans doute un prérequis, mais pas une condition suffisante pour un résultat performant.
Ce sont les valeurs partagées par les équipes qui distinguent le mieux les meilleurs hôpitaux des moins bons.
Les résultats indiquent que les critères qui distinguent le mieux les meilleurs établissements des plus mauvais sont qualitatifs et concernent l’engagement de l’encadrement des équipes, l’organisation des soins, la présence des médecins et spécialistes dans les services, et la coordination.
L’étude démontre qu’il y a absence, dans les mauvais hôpitaux, des valeurs d’équipe partagées.
Si on s’en tient à cette notion de valeur d’équipe, tous les hôpitaux du pays doivent être de mauvais hôpitaux, car une grosse majorité de médecins sont à couteaux tirés.
Heureusement qu’il y a des exceptions qui confirme la règle, comme le centre cardiaque du Trust Fund for Specialised Medical Care, la Burns Unit ou encore le département de neurochirurgie de l’hôpital Candos qui vient de recevoir des palmes d’excellence.
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