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Rigueur et austérité

23 juin 2010, 13:44

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Il aura fallu la Private Notice Question (PNQ) de Paul Bérenger, le leader de l’opposition, pour que le ministre des Finances, Pravind Jugnauth, nous parle enfi n de l’état actuel de l’économie mauricienne. Et comme il fallait s’y attendre, du fait de la crise de l’euro, la situation s’est nettement dégradée par rapport à la présentation du budget Sithanen en novembre 2009.

Ce budget avait été bâti sur l’hypothèse d’une croissance de 4,3 % du produit intérieur brut (PIB) en 2010. Hier, Pravind Jugnauth a révisé ce chiffre à la baisse : ce sera 3,5 %, soit le niveau de la moyenne mondiale en matière de progression de la production. Première conséquence : les rentrées fiscales de l’impôt sur les sociétés vont se contracter. Parallèlement, le ministre des Finances a confirmé que la National Residential Property Tax (NRPT) et la taxe sur les intérêts perçus allaient être supprimées cette année. Encore des rentrées en moins, puisque, entre juillet et décembre 2009, la NRPT a rapporté, bon an mal an, plus de Rs 100 millions, et que la taxe sur les intérêts bancaires fait rentrer annuellement plus de Rs 400 millions. Le ministre des Finances a d’ailleurs annoncé que pour les cinq premiers mois de l’année, le manque à gagner pour les recettes du gouvernement était de Rs 1,5 milliard.

Concernant la dette publique, la situation s’est également aggravée, puisqu’elle représente actuellement Rs 169,4 milliards soit 61,6 % du PIB. Pour 2010, la dette publique devrait atteindre 178 millions, soit 61% du PIB, et ainsi dépasser officiellement la barre de référence de 60 % notamment défi nie par le Fonds Monétaire International. Parallèlement, le défi cit budgétaire devrait se contracter cette année, en passant d’une prévision de 4,5 % à un taux définitif de 4,1 % du PIB. Là c’est une baisse des dépenses de l’Etat qui va entraîner cette contraction du déficit budgétaire. Ces dépenses devraient ainsi être inférieures de quelque Rs 3,2 milliards aux prévisions.

«Nous allons prochainement proposer une série de mesures pour faire face à la situation», affirme Pravind Jugnauth. Pas besoin d’être grand clerc pour deviner ce qui se dessine. Le détail de la situation économique le laisse clairement entrevoir. Comme la plupart des pays de la planète, Maurice est confrontée à un ralentissement de l’activité et à un niveau d’endettement excessif. Et on voit mal comment le pays pourrait éviter de faire ce qu’ont décidé les grands pays industrialisés. La Grèce, bien sûr, mais également l’Espagne, la France ou le Royaume-Uni.

Le gouvernement Ramgoolam va donc devoir prendre des mesures de rigueur, sinon d’austérité, pour rester à peu près dans les clous. Car tout dérapage ne manquerait pas d’alerter les bailleurs de fonds. Et sans ces bailleurs de fonds, pas question de grands travaux d’infrastructure et donc pas de développement à terme. Pravind Jugnauth a d’ailleurs préparé le terrain en annonçant un retard dans le financement des projets. Mais le ministre des Finances s’est bien gardé de parler de rigueur ou d’austérité.

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