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Réveil citoyen
L’élan de solidarité qui se dessine autour des prostituées, suite au meurtre de Marie-Ange Milazar, témoigne d’un réveil citoyen face à un sujet tabou.
Les ONGs et individus, qui se mobilisent pour sensibiliser la population sur la marginalisation des prostituées à Maurice, font la démonstration d’une initiative qui mérite d’être saluée. La société mauricienne, dans le cas des travailleuses du sexe, a fait preuve jusqu’ici de sa légendaire faculté à se voiler la face dès qu’il y a quelque chose qui la dérange.
Puritaine, cette société laisse aux ONGs la responsabilité de dénoncer. Or, c’est un fait que la dénonciation sans une adhésion populaire ne sert pas à grand-chose. L’opinion publique, elle, reste passive. C’est à se demander comment cette société a pu devenir aussi égotiste que cela à travers le temps!
D’une société où la solidarité et le partage étaient des principes cardinaux, on est passé à une société de repli et de cloisonnement. La course au succès, à l’argent, aux diplômes, à l’ascension sociale… ont fait que chacun s’est enfermé dans son univers. La drogue, la prostitution, la criminalité ont gagné en intensité et en gravité. Mais l’on n’est interpellé que lorsqu’un proche est touché. C’est cette mentalité qu’il importe aujourd’hui de remettre en question.
S’il n’y avait pas eu cet assassinat macabre de Marie-Ange Milazar, on serait resté dans le même oubli de la réalité des prostituées à Maurice. Soit une communauté de femmes qui, dans son côté le plus perceptible, arpentent les allées du jardin de la Compagnie, et qui, dans ce qui moins visible, voyagent dans la nuit, livrées à elles-mêmes.
Le collectif d’ONGs, qui tirent la sonnette d’alarme, aura encore plus de mérite s’il nous harcelait, désormais, sur notre refus de voir les problèmes sociaux et humains en face.
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