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Sans délai

4 juillet 2010, 07:28

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La pertinence et la valeur de certaines décisions ne se mesurent que par rapport à leur timing. Les grands leaders en sont conscients. Guidés par un fort sens de l’éthique et l’obsession du travail bien fait, ils prennent rapidement des décisions – qui s’avèrent d’ailleurs souvent bonnes. On ne peut pas dire que l’actualité locale nous a fourni beaucoup d’exemples de ce type de leadership cette semaine…

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Lingamanaicker Vijayanarayanan, le commissaire des prisons, ne peut certainement pas prétendre faire partie d’une quelconque ligue de grands administrateurs. Il semble nous en avoir tous convaincus. A l’exception du Premier ministre, Navin Ramgoolam, qui manifestement, a choisi de lui maintenir sa confiance.

 L’évasion de 34 détenus d’une prison de haute sécurité est un événement d’une extrême gravité. Dont Vijayanarayanan doit assumer la pleine responsabilité en tant que patron de notre système pénitentiaire. Or, non seulement celui-ci a tardé à donner des explications au public après la spectaculaire évasion de la Prison de Grande-Rivière-Nord-Ouest (GRNO). Mais en plus, il n’a même pas daigné assumer ses torts en proposant  sa  démission au Premier ministre.

De bons leaders font parfois fi de l’éthique mais privilégient malgré tout l’efficacité.  Cette considération semble avoir été secondaire pour Vijayanarayanan depuis sa  nomination en juillet 2006. Par exemple, depuis quatre ans, le commissaire des prisons n’a pas su et pu convaincre son patron, le Premier ministre, de l’utilité de remplacer le système défectueux de vidéosurveillance de la prison de GRNO. Ramgoolam nous a ainsi appris, mardi dernier, au Parlement, que ce n’est que dans les jours à venir que le contrat d’installation du nouveau système de vidéosurveillance sera alloué.

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Quelqu’un ou certaines personnes… quelque part aux Casernes centrales semblent aussi avoir un sérieux handicap quand il s’agit de juger de l’urgence d’une situation. L’arrestation d’Ananda Rajoo, rédacteur en chef du journal le Militant, l’atteste. Notre confrère a en effet été arrêté sous une charge de « Publication de fausse nouvelle ». Sauf que l’article incriminé n’a pas été publié dans une édition récente de l’organe de presse du MMM… mais dans un numéro datant de presque un an – soit le 28 août 2009 !


Certes ce délit, comme bien d’autres, n’est pas prescriptible en un an. Cela implique que l’Etat peut toujours poursuivre un suspect des mois, voire des années après les faits qui lui sont reprochés. Toutefois, la nature même de la « publication de fausse nouvelle » et la présomption qu’elle est susceptible de « troubler l’ordre ou la paix publique »  implique que les personnes répondant de cette accusation soient traduites devant la justice au plus vite. Cela n’a pas été le cas d’Ananda Rajoo. Rama Sithanen, l’ex-ministre des Finances, n’a pas non plus été immédiatement arrêté à la suite d’une plainte remontant au début de l’année.

On peut possiblement tirer deux conclusions de ces actions approximatives. On peut d’abord penser que l’incompétence ou l’inorganisation de la police ne lui permet pas de remplir ses missions avec célérité. Deuxième conjecture – cela serait gravissime – des donneurs d’ordre ordonneraient des arrestations ou la relance d’enquêtes afin de nuire à la réputation de celui ci  ou forcer au silence celui-là. Si seulement la police avait fait son travail avec efficacité…aucune de ces deux supputations ne serait envisageable !

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Nos critiques envers la police ne peuvent être que plus dures quand on tient en compte le formidable travail abattu par Dhun Iswar Rampersad et ses hommes depuis dimanche  soir. En effet, le commissaire de police vient de faire l’éclatante démonstration qu’un bon leadership et une bonne direction des opérations permettent aux forces de l’ordre de produire des résultats prodigieux.

 Rattraper en cinq jours 32 des 34 prisonniers évadés de GRNO démontre en effet que la force policière est capable de fournir des  performances de hauts niveaux quand elle est proprement outillée et motivée. Et surtout, quand les bonnes décisions sont prises au bon moment. Vite. Si seulement cela pouvait être une qualité présente en permanence dans toutes les administrations !

Rabin BHUJUN