L ’ apparence est trompeuse. Les officiels n’arrêtent pas de tenir des discours en faveur de l’environnement. Ils invoquent sans cesse des slogans autour du développement durable. Pourtant, dans les faits, l’actualité regorge de projets contraires à l’environnement.

Outre l’abattage d’arbres qui continue à grande échelle, souvent en infraction flagrante avec la loi, nous constatons, de plus en plus, des pratiques qui mettent en danger nos « wetlands ». Ces zones humides situées dans les régions du littoral et qui sont vitales pour les écosystèmes côtiers sont menacées comme jamais auparavant.

Depuis quelque temps déjà, les projecteurs sont braqués sur un projet litigieux de construction d’un centre commercial dans une zone humide dans un village côtier au Nord. Dans le numéro du jour de « l’express », notre journaliste Karen Walter révèle qu’un projet résidentiel de luxe, le Mansfield Resort Luxury Estate, Spa & Club House, sera lancé « à 80 mètres » de deux terrains marécageux, à Union Ribet, Anse- la- Raie. Le promoteur aurait omis, selon des sources officielles, de consulter le Ramsar Committee du ministère de l’Agro- industrie, procédure obligatoire sous la loi.

Ces dangers qui pèsent sur notre environnement font l’objet de commentaires sévères dans un rapport commandé par le gouvernement à des consultants de la firme britannique Mott MacDonald et soumis cette semaine. Ceux- ci font un constat de l’évolution économique du pays avant d’indiquer que « this progress has seen rapid change in land use as a result of short term influences... » Toujours sur la question de l’utilisation des terres, et plus particulièrement de celles se trouvant aux abords des plages, les consultants écrivent ceci : « The coastal system protects the island from the natural forces of the ocean, provides income through tourism and fisheries, and is the focus of many leisure activities. Intense pressure from sea and land based activities threatens to prevent its full socio- economic potential from being realised. » Ce rappel à l’ordre des consultants apporte un bol d’air frais. A Maurice, le débat autour des terres constructibles quitte souvent le champ écologique pour pénétrer dans la sphère du clientélisme et de l’ethno- politique.

Voilà pourquoi le développement durable n’est pas autre chose qu’un slogan à la mode.

Raj MEETARBHAN