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Sortir l’économie de sa léthargie
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Sortir l’économie de sa léthargie
À une semaine de la présentation du Budget 2014, le pays semble s’être arrêté. Pas de grande annonce et encore moins de décision majeure avant que le ministre des Finances n’ait égrené son cha-pelet de mesures pendant environ 2 heures à l’Assemblée nationale, le 8 novembre. Tel un rituel, il en est ainsi chaque année à l’approche du Budget.
Si pour certains, le Budget n’est avant tout qu’un simple exercice comptable visant à trouver le juste équilibre entre les revenus et les dépenses de l’État, en revanche, pour d’autres, le Budget dépasse le simple cadre de la comptabilité. À Maurice surtout, le Budget est aussi un exercice politique.
C’est d’ailleurs cette tendance à la politisation qui fait planer aujourd’hui le danger de la complaisance sur l’économie mauricienne. Certes, l’économie a tenu bon jusqu’ici face à la crise globale, mais le fait demeure que la résilience s’est effritée avec pour résultat un taux de chômage en hausse et un taux de croissance qui évolue bien en deçà de son potentiel réel.
Un rapide coup d’oeil au tableau de bord économique indique que si nous allons continuer à nous complaire dans notre performance actuelle en nous disant que d’autres font moins bien, nous risquerons d’aggraver le déclin de la compétitivité. Car, c’est de cela qu’il s’agit depuis quelques années. Les données disponibles démontrent en effet que le ratio du commerce extérieur par rapport au produit intérieur brut est en chute libre. Selon toute probabilité, il devrait passer de 61 % en 2006 à presque 53 % cette année.
Une étude menée par le Fonds monétaire international en 2011 devait d’ailleurs révéler le faible niveau de sophistication de nos exportations. Une situation qui, selon l’institution de Bretton Woods, n’a presque pas changé depuis 2004-05, traduisant un ralentissement au niveau de l’innovation et l’expansion dans de nouveaux secteurs d’activité.
C’est sur ce plan que le ministre des Finances est attendu, notamment pour faire repartir la machinerie économique. Car à bien y voir, nous sommes aujourd’hui presque retournés à la case départ à plusieurs niveaux. D’abord, sur le plan des revenus, nous n’avons pas assisté à de grands progrès depuis 2010 avec le ralentissement de la croissance économique. Qui plus est, la lourde dépendance sur les taxes indirectes ne fait que restreindre la croissance de la demande. D’autant plus que l’endettement des ménages est en pleine expansion. Ce qui explique pourquoi le FMI avait, dans ses recommandations au gouvernement en mars dernier, souligné l’importance d’une révision du système de taxation.
D’où également la circulaire de l’ex- Secrétaire financier, Ali Mansoor, évoquant une marge de manoeuvre très limitée pour l’année fiscale 2014. Celui-ci avait fait comprendre aux chefs de département de la fonction publique qu’une baisse est attendue au niveau des revenus cette année, alors qu’il est prévu que les dépenses prendront l’ascenseur dans le sillage du paiement du PRB.
Les dépenses du gouvernement représentent justement un défi majeur auquel il faudra s’attaquer pour sortir l’économie de sa situation léthargique. Les dépenses exprimées en pourcentage du PIB sont d’ailleurs restées pratiquement au même niveau de 2007-08. De toutes les façons, il n’y a pas eu de réforme en profondeur pour rationaliser et mieux cibler les dépenses du gouvernement.
En revanche, les dépenses d’investissements, essentielles pour relancer la croissance en l’absence d’investissements de la part du secteur privé, demeurent toujours insuffisantes. Les délais de mise en oeuvre continuent de peser lourdement avec les résultats que nous connaissons dans des secteurs comme la distribution d’eau potable, le transport et l’énergie, entre autres.
L’arrivée de Dev Manraj aux Finances en remplacement d’Ali Mansoor changera-t-elle la donne ? Nombre d’observateurs se posent la question, conscients du fait que l’ancien Secrétaire financier avait consacré beaucoup de temps à la réduction du déficit budgétaire. Or, il apparaît de plus en plus évident que la baisse du déficit ne résulte pas uniquement de la consolidation fiscale, mais plutôt de l’incapacité du gouvernement à booster les dépenses d’investissements.
Les plus sceptiques ne s’attendent pas vraiment à voir une nouvelle approche au Trésor public, du moins dans l’immédiat, dans la mesure où ils considèrent que les tractations politiques du moment risquent de refroidir les ardeurs réformatrices du gouvernement pour replacer l’économie sur de nouvelles bases. Pourtant, il n’y a pas à sortir de là si nous voulons un nouveau départ.
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