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Syndicat brimé

30 janvier 2013, 07:38

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La démocratie perd du terrain chaque jour davantage. Après les atteintes à la liberté d’expression et la mise sous tutelle d’un grand nombre d’institutions publiques, voilà le principe même de l’action syndicale qui est attaqué. Le traitement infligé par le ministère de l’Education au président du syndicat des employés du MITD devrait alerter les citoyens soucieux des droits des travailleurs. Hemandar Madhow, président du Mauritius Institute of Training and Development Employees Union, a été suspendu de ses fonctions et contraint de se présenter, hier, devant un comité disciplinaire.

Les charges qui pèsent contre le syndicaliste apparaissent frivoles. En tout cas, la riposte de l’employeur est inopportune, sinon disproportionnée par rapport aux reproches qui lui sont faits. Hemandar Madhow est accusé d’avoir déclaré, dans une interview de presse, que le MITD est plongé dans le chaos. Il aurait également déploré «l’ingérence politique et la mauvaise « administration » de l’institution. Finalement, il aurait soutenu que le dossier de pédophilie alléguée au MITD a été traité de manière inadéquate. Bref, il a critiqué la gestion de son établissement et évoqué les mauvaises conditions de travail de ses collègues. Mais il est dans son rôle de syndicaliste en faisant ces commentaires alors qu’il était interrogé par une journaliste. Ce n’est pas l’avis du ministère de l’Education. Celui-ci a sorti le bâton. Un comité disciplinaire est mis sur pied et le syndicaliste menacé d’autres sanctions. Ainsi, il suffit de peu pour rendre frileux les dirigeants politiques. Un syndicaliste qui ne fait qu’assumer son rôle de défenseur de ses collègues fait donc peur à ce point à l’Etat ?

Certes, les gouvernants auraient préféré avoir affaire à des syndicalistes disons plus maniables. Ceux qui ont été nommés à la présidence de tel Trust Fund ou de tel Council ou encore aux conseils d’administration qui rapportent des jetons, auraient sans doute été plus complaisants.

Ces syndicalistes à qui l’Etat a offert des sucreries sont, eux, très accommodants envers le pouvoir. Le désintérêt apparent des ONG et l''indifférence de la société civile face au rétrécissement continu de notre champ de liberté ne sauront durer éternellement. Toutefois, quand ils se réveilleront, il sera peut-être trop tard.