Publicité
Tamed
Le danger ne viendra pas de l’inflation. Du moins pas de sitôt. La preuve, le taux d’inflation pour les douze mois se terminant le 30 novembre 2013 a été de 3,5 % comparé à 4 % lors de la période correspondante en 2012. Une légère hausse par rapport à octobre en raison principalement de certaines mesures budgétaires, notamment la taxe sur l’alcool et la cigarette.
D’ailleurs, l’indice des prix à la consommation (CPI) a augmenté de 1,1 % entre octobre et novembre, tiré justement par les dépenses sur la cigarette et l’alcool qui ont crû de 5,3 % dans le sillage de la révision de la taxe. En excluant ces deux items, le CPI ne progresse que de 0,6 %. Quoi qu’il en soit, ce chiffre est nettement inférieur aux prévisions initiales.
En comparaison avec les estimations du Budget 2013, qui voyait le taux à 6 % cette année et le sommet de 6,6 % atteint en novembre 2011, nous pouvons dire que l’inflation a été largement maîtrisée.
Des signes d’une modération de l’inflation cette année étaient déjà apparents vers la fin du premier semestre, lorsque le composant “produits alimentaires et boissons non alcoolisées” du panier du consommateur accusait une baisse de 1,2 point entre mai et août ; le premier recul depuis ces dix dernières années. Dans la foulée, plusieurs autres items avaient enregistré des baisses d’une ampleur sans précédent au point de neutraliser la majoration du coût du ticket d’autobus. Et avec pour résultat, le taux d’inflation chutant à 3,5 % en août après s’être stabilisé à 3,6 % cinq mois durant.
La bonne nouvelle, c’est que le répit ne sera pas de très courte durée, contrairement à ce que nous aurions pu penser. C’est ce qu’indique le sondage effectué par la Chambre de Commerce et d’Industrie en marge de la publication de son indicateur synthétique de confiance. 84 % de ceux sondés par la CCI affirment qu’ils ne comptent pas augmenter leurs prix dans les mois à venir. Ce qui amène les analystes de la Chambre à dire que le taux d’inflation devrait se situer en dessous des 4 %, l’an prochain.
Il faut savoir que les analystes de la Chambre de Commerce et d’Industrie ne sont pas les seuls à entrevoir un environnement inflationniste modéré en 2014. Dans la dernière livraison de son rapport sur Maurice, l’Economist Intelligence Unit ne prévoit pas, non plus, de poussée inflationniste majeure. Elle s’attend à ce que le taux d’inflation tourne autour de 3,7 % en 2014, en anticipant une baisse des prix des produits pétroliers et des denrées alimentaires sur le marché mondial.
Si les projections de l’EIU en matière de prix se réalisent, nous pouvons nous attendre à un impact positif sur la facture d’importations du pays et, par ricochet, sur le marché local si les mécanismes de transmission ne sont pas bloqués. Comme cela a été souvent le cas.
Avec la maîtrise de l’inflation, c’est un foyer de tension en moins – du moins nous l’espérons – entre le Trésor public et la Banque centrale. Personne n’a oublié les profondes divergences entre les deux institutions sur la croissance et l’inflation durant l’année et le bras de fer entre les faucons et les colombes au sein du comité de politique monétaire.
En l’absence de nouvelles tensions inflationnistes à l’horizon, il serait peut-être judicieux de commencer à revoir nos priorités. Pas nécessairement en procédant à des ajustements au niveau du loyer de l’argent, mais en offrant à la communauté des affaires une plus grande sérénité, basée sur la stabilité. Celle-ci n’en demande pas moins en ces temps d’incertitudes. La meilleure façon de le faire est sans aucun doute à travers une approche coordonnée entre le Trésor public et la Banque de Maurice afin d’offrir une certaine visibilité aux opérateurs économiques qui envisagent sérieusement d’investir dans les facteurs de production, l’an prochain.
Car le défi en 2014 sera certainement d’accélérer la croissance alors que l’environnement extérieur demeure toujours fragile. Pour y parvenir, il va falloir mettre de côté les egos surdimensionnés et commencer à regarder dans la même direction.
Publicité
Les plus récents