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Tordre le cou aux mythes
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Tordre le cou aux mythes
Une lutte de libération a été menée par de vaillants combattants mauriciens contre les Britanniques : voilà l’un des nombreux mythes de l’histoire officielle de notre pays. Les dirigeants en font un usage politique habile. A tel point que ce conte censé faire le récit de la fondation de la nation s’enracine dans l’inconscient des citoyens. Nos enfants ont pourtant le droit de grandir sans devoir apprendre cette version de l’histoire.
Hier, lors de la cérémonie marquant le 177e anniversaire de l’arrivée des immigrants indiens dans le pays, à l’«Aapravasi Ghat», Navin Ramgoolam est revenu sur l’octroi de l’indépendance en affirmant que «c’est grâce au combat politique que Maurice a pu être libéré». Il s’est voulu émouvant en faisant référence à son grand-père, Mohit Ramgoolam, qui a eu un enfant «qui allait libérer le pays».
La vérité n’a rien à voir avec ces fictions que les politiciens racontent par intérêt. Citons d’emblée ce que constatent ceux qui ont retracé avec le maximum de rigueur et d’objectivité notre histoire. «En aucun cas, l’indépendance n’a fait l’objet d’une lutte, d’un affrontement avec la Grande-Bretagne. Elle a été octroyée et accordée à la date choisie par Londres» écrivent, par exemple, les historiens Joyce et Jean Pierre Durand dans «L’île Maurice et ses populations»
Le premier dirigeant politique influent à revendiquer une plus large autonomie, «qui déboucherait sur un gouvernement responsable et un système ministériel», fut Guy Rozemont.
Il tenta, dès 1953, au Conseil législatif, de faire adopter une motion en ce sens mais n’était pas soutenu par ses pairs. Le pouvoir colonial résista à sa demande. Mais à partir de 1957, quand le Ghana accéda à l’indépendance, la Grande- Bretagne avait commencé à changer d’attitude.
L’histoire s’est accélérée suite au fameux discours de Harold Macmillan en février 1960, quand il annonça un «Wind of Change» pour les colonies d’alors.
Jean Claude de l’Estrac, qui a consulté de nombreux documents historiques avant la rédaction de son livre «Passions Politiques», a asséné un coup terrible au mythe de la « lutte» qui aurait précédé l’indépendance. Puisant dans un texte officiel britannique (Cabinet Office, Whitehall, B 020035, 20 October 1967, The National Archives, Kew), il rapporte la citation suivante :
«Les Mauriciens sont dans une situation financière difficile et nous tenons à nous débarrasser d’eux aussi vite que possible.»
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