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Tous gagnants
Les Mauriciens ont choisi hier, dans le secret des urnes, entre la continuité et le changement. Mais il faut attendre encore quelques heures avant de connaître les préférences qu’ils ont exprimées.
L’issue de la lutte électorale était incertaine à la fermeture des bureaux de vote hier soir. Aucun observateur indépendant n’osait avancer un pronostic même si les deux blocs politiques affichaient, chacun de son côté, de l’optimisme.
En revanche, personne ne conteste le fait que la journée a été largement dominée par les rouges en termes de logistiques. Tous ceux qui ont sillonné l’île hier ont fait le constat de l’omniprésence des activistes, des banderoles et des voitures rouges. Mais les habitués des élections préviennent que ce déploiement impressionnant de l’Alliance de l’avenir peut donner une mesure erronée du rapport des forces. Certes, l’alliance PTr-MSM-PMSD avait de gros moyens à sa disposition, mais ces ressources matérielles importantes ne se traduisent pas forcément par une large majorité de suffrages.
Le pire scénario, pour le pays, serait précisément l’absence d’une majorité claire à l’Assemblée nationale.
L’éventualité d’un score étriqué ne peut être écartée. La crainte d’un «hung parliament», c’est-à-dire un Parlement paralysé est évoquée avec insistance depuis quelques jours. En cas de 30-30, par exemple, il sera difficile à la nouvelle majorité, de quelque bord qu’elle soit, de gouverner.
Il incomberait, dans ce cas de figure, aux députés de Rodrigues d’introniser le vainqueur.
Toutefois, rien ne dit que si les deux blocs sont à égalité en termes de suffrages, ils obtiendront un nombre égal de sièges. Le système électoral en vigueur à Maurice produit une injuste transcription des voix en sièges. Ainsi, aux législatives du 3 juillet 2005, l’Alliance dirigée par Navin Ramgoolam a recueilli 49 % des voix mais a obtenu 63,3 % des sièges. Un bloc contestant les élections peut remporter une large victoire en sièges tout en ralliant une petite majorité d’électeurs.
En attendant le verdict des urnes, on peut prévoir que Navin Ramgoolam ne sortira pas renforcé du scrutin, même en cas de victoire. Il devrait alors composer avec un allié ambitieux, Pravind Jugnauth. Le leader du MSM a donné un avant-goût de ses exigences en obtenant la tête de l’ancien ministre des Finances, Rama Sithanen. Une défaite de l’Alliance de l’avenir signifierait l’archaïsme des arguments à connotation raciale dans notre pays.
Quel que soit le vainqueur, il faut espérer qu’il ne se montrera pas revanchard et ne s’engagera pas dès demain dans une campagne contre les Mauriciens ayant voté pour le camp adverse. Quand le vainqueur célèbre sa victoire sans triomphalisme et que le vaincu reconnaît sa défaite dans la dignité, c’est tout le pays qui gagne.
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