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Tout devient possible, vraiment ?

4 avril 2014, 08:42

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Tout devient possible, vraiment ?

Qui n’a jamais rêvé d’être multimillionnaire ? Afin de changer sa voiture, sa maison, son travail et ses collègues, son pays, son train de vie, ou carrément sa vie ? Le micro-trottoir de tous les journaux, ces derniers jours, révèle grosso modo les souhaits inavoués de tout un chacun, hormis, peut-être, la sempiternelle parade pour se donner bonne conscience (et ainsi avoir la bénédiction du ciel?) : « Je vais AUSSI aider les pauvres! »

 

L’appât des Rs 100 millions – un gain pas si facile que ça ! – a titillé l’imaginaire de pratiquement tout le monde, toutes couches sociales confondues, soit plus de 80 % d’entre nous.

 

Mais qu’est-ce qui nous motive tant à jouer bien qu’on soit confiant de n’avoir qu’une chance sur près de 3,8 millions de rafler la mise ? Peut-être est-ce la faute à la publicité qui obnubile. Si l’Etat interdit la publicité sur la cigarette et l’alcool, par contre, il ferme allègrement les yeux sur les jeux de hasard. Pire, il semblerait qu’il croise même les doigts pour qu’on joue encore plus. Car le loto rapporte gros, dans les caisses de l’Etat, tout comme dans celles des frères Ah-Teck  .

A titre d’exemple, depuis les débuts du Loto en novembre 2009 jusqu’au 31 août 2013, il y a eu 200 tirages. Lors d’un bilan circonstancié que « l’express » vous proposait en septembre dernier, on relevait, d’abord, que le montant total joué sur cette période est équivalent au chiffre colossal de Rs 7,156 milliards, soit une moyenne de Rs 35,8 millions par semaine. De ce montant, 48,5 %, soit Rs 3,437 milliards, ont été distribuées aux gagnants, alors que le gouvernement touchait, lui, Rs 2,138 milliards (29,9 %) et Lottotech récoltait 21,6 % des sommes misées au départ, soit Rs 1,548 milliard.

 

La logique est simple et universelle : pour qu’il y ait des gagnants, il faut d’abord des perdants ! En effet, si tout le monde évoque les jackpots de plusieurs dizaines de millions de roupies, il n’y avait, sur ces 200 premiers tirages étalés sur presque quatre ans, que 3,4 % de tickets gagnants. Chiffre encore plus parlant : 93 % de ces tickets gagnants ont gagné seulement Rs 100 ! Et souvent ces Rs 100 servent à rejouer, car la chance rôde, se dit-on, et puis ne se trouve-ton pas déjà devant la machine magique qui peut changer notre vie…

 

En tout cas, même si on perd au jeu, au change, on doit s’estimer heureux de participer au remboursement de la dette et à l’Etat-providence. Le loto est une taxe déguisée. C’est l’Etat-cynique ! Les sommes identifi ées dans les comptes publiés de Lottotech pour être créditées au Consolidated Fund du gouvernement sont bien supérieures (à environ Rs 1,56 milliard pour les deux années au 30 juin 2012, soit par environ 25 à 30 %) aux « budgetary estimates ». La différence constitue probablement les frais de roulement des boules… Car, le slogan, n’est-il pas : « Avec le loto, tout devient vraiment possible! »