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Très chers législateurs…

8 juin 2010, 09:51

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lexpress.mu | Toute l'actualité de l'île Maurice en temps réel.

Plutôt que le boycott d’un groupe de presse, l’île Maurice a davantage besoin d’un Freedom of Information Act (FOIA). En nous inspirant des législations adoptées par les démocraties les plus ouvertes, nous offririons à quiconque entend être un citoyen responsable l’outil de sa vigilance. Un FOIA facilite, certes, le travail des journalistes mais, à mieux voir, ce sont surtout les citoyens qu’il habilite à réclamer des comptes aux pouvoirs publics.

En Suède, la loi accordant au public un accès aux documents offi ciels remonte à 1766. Cela en est venu à faire partie de la Constitution suédoise, devenant, ainsi, le premier dispositif au monde en matière de Freedom of Information.

Dans les démocraties de type westminstérien, celles que nous connaissons le mieux, l’adoption des divers FOIA s’étale entre 1982 (Australie) et 2005 (Inde). D’autres pays en ont fait de même, dont le Canada (1983), l’Irlande (1997), le Royaume Uni (2000), l’Ecosse (2002).

Il ne suffi t pas d’adopter un Freedom of Information Act. Il faut également veiller à ce qu’il y ait le moins possible de domaines exempts, la multiplication de ces derniers étant une manière perverse de vider la loi de son contenu. Il faut, au contraire, encourager les Etats à informatiser leur comptabilité et leur documentation, afi n que les demandes au titre de la liberté d’accès à l’information puissent être traitées rapidement.

L’île Maurice de 2010 pourrait avoir matière à profonde réfl exion. Alors que d’anciennes entités de l’ex-Union soviétique, l’Azerbaïjan, la République Moldave ou l’Ukraine ont des dispositifs de liberté d’accès à l’information d’Etat, notre société supposément démocratique, moderne, transparente accouche de la plus rétrograde des répressions d’Etat contre un groupe de presse.

Admettons que les pouvoirs publics mauriciens ne se soucient guère d’être classés parmi les prédateurs de la liberté de la presse. Mais quid de leur tentative de stopper la croissance d’une entreprise, si ce n’est de restreindre la liberté d’entreprendre ? Un pouvoir cavalier peut éventuellement se moquer des bulletins de Reporters sans frontières. Peut-il impunément, pour autant, laisser comprendre que Maurice est une juridiction où les opérations des entreprises sont tributaires du bon vouloir du prince, où les investissements sont à tout moment menacés, où l’Etat n’est pas que régulateur mais qu’il peut utiliser ses multiples bras pour freiner X ou favoriser Y ? Pour le prochain Road Show de promotion de l’investissement, ce sera un puissant argument…