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Un brin d''histoire
Le Premier ministre vient de passer une semaine à Londres pour participer à une conférence d’un jour sur la Somalie. Soit ! Il a sûrement eu plusieurs rencontres parallèles dont il nous parlera… peut-être. Le communiqué final rendu public à l’issue de la conférence de jeudi dernier laisse un sentiment de travaux inachevés. Les engagements pris ne sont pas à même de répondre à l’ampleur du problème somalien et de la piraterie et d’y apporter des solutions durables.
Le gouvernement transitoire en place, qui ne contrôle que Mogadiscio avec l’aide des forces de l’Union Africaine, est
inefficace et rongé par la corruption. Il est en sursis jusqu’au mois d’août. La conférence ne s’est pas prononcée sur l’après, se contentant simplement de statuer que cette autorité transitoire ne devrait en aucun cas aller au-delà du mois d’août.
Entre-temps, la Somalie est sujette à une prolifération d’entités claniques locales autoproclamées, certaines n’existant que sur toile. A part le Somaliland qui a déclaré son indépendance et le Puntland qui peut s’enorgueillir d’avoir une administration, et deux autres entités de district, c’est donc le chaos total qui perdure depuis que le président dictateur, Siad Barre, a été chassé en 1991. La piraterie, devenue un commerce lucratif pour ceux qui la financent à couvert et à distance, ne peut qu’être résolue par une «somalisation» des solutions, c’est-à-dire, s’attaquer aux multiples problèmes qui plombent ce pays depuis maintenant deux décennies, inclus la gouvernance, le chômage, la pauvreté, bref l’anarchie institutionnalisée.
Pourtant, la Somalie est parmi les rares pays africains qui ne sont pas minés par les divisions et autres frictions violentes que peut engendrer le tribalisme. C’est le clanisme qui a fini par fragmenter le pays, certains de ces clans soutenus  par des intérêts externes.
Au lendemain de la destitution du régime du président Siad Barre, c’est-à-dire tout juste après l’effondrement du mur de
Berlin et donc la fin de la guerre froide, l’Organisation de l’unité africaine (OUA) essayait de revoir toute sa stratégie politique quant au devenir du continent. Son Comité de Libération concentrait ses maigres ressources au profit de la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud, et de ce fait ne faisait que prendre note des événements en Somalie. Des groupuscules, avec à leur tête des chefs de guerre, sillonnaient les rues de Mogadiscio et contrôlaient divers quartiers de la ville et les régions avoisinantes. Le pays devint vite un état anarchique. La vie humaine ne comptait plus.
Face à cette dégradation continue et devant l’incapacité de l’OUA de trouver une issue à cette question, Maurice, dont le ministre des affaires étrangères était Paul Bérenger, fit inscrire un point à l’ordre du jour de ses assises de février 1992 sous l’intitulé «La situation dans la Corne de l’Afrique». Les pays avoisinants ne comprenant pas notre démarche, dépêchèrent des émissaires pour en savoir plus alors que notre seul souci, c’était de trouver vite une solution et une paix durable dans cette sous-région. En développant la question, Bérenger fit savoir au Conseil que Maurice était prête à accueillir les différents clans et factions pour trouver un accord. C’était sans compter les intérêts des pays avoisinants qui firent capoter notre démarche, alors que certains clans y étaient favorables.
Trois ans plus tard, lors des assises du Comité de l’OUA sur la Prévention, la Résolution et la Gestion des confl its, Maurice, à travers son ministre Ramdath Jaddoo proposa qu’une administration indépendante composée d’experts venant des Etats membres assure la gestion bureaucratique de la Somalie jusqu’à l’émergence d’une solution politique durable dans le
pays. A l’instar de ce qui s’était passé au Cambodge. Encore une fois, la proposition fut tuée par les mêmes intérêts !
Et le peuple somalien continue de subir...
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