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Un coup attentatoire à la raison

22 avril 2009, 18:50

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S’il fallait une démonstration de l’arbitraire dans l’allocation de la publicité gouvernementale, elle a été faite dans la grille fournie par le Premier ministre sur la répartition de cette publicité pour la période couvrant juillet 2008 à mars 2009.

Lorsque l’Etat s’embarque dans des aventures qui vont à l’encontre de ses propres principes constitutionnels, c’est qu’il y a un grave problème quelque part. Autrement, comment expliquer que le journal le plus lu, l’express, n’obtient que Rs 5,433 du budget total de la publicité gouvernementale alors qu’un autre journal, à un lectorat nettement moindre, puisse se garantir Rs 10,324,698 de ce budget?

C’est une question. Et elle permute l’horizon de toutes les rationalités. L’autre question est celle qui est essentielle. Elle a trait à la liberté de choix du lectorat mauricien. La voie qu’il choisit de prendre est aussi celle qui est boycottée par l’Etat. Alors que le gouvernement fait passer des lois sur l’égalité des chances, peut-il se permettre de se signaler par une action inégalitaire! Ce n’est pas une question. C’est un constat.

Il ne s’agit pas ici de défendre une chapelle. Encore moins de lutter pour préserver des prébendes. Ce sont les droits constitutionnels du lecteur mauricien qui sont en jeu. Ce sont les droits constitutionnels du journaliste de faire son travail en toute indépendance qui sont remis en question. Je ne crierai pas au liberticide. Ce n’est pas dans mes habitudes. Mais je crois qu’un boycott ne reflète que le désir de museler une parole qui ne plaît pas.
Nous n’avons pas, nous journalistes, tout le temps raison. Mais nous sommes en droit d’interroger la logique du pouvoir lorsqu’elle repose sur des contre-vérités.

Drôle d’alchimie pour un pouvoir qui ne cesse de parler d’égalité, de démocratisation, de justice, de solidarité, de la valeur du travail…

A ce rythme, son discours sera rapidement démonétisé. Et surtout, on finira par croire que ce discours n’a de valeur que publicitaire pour l’Alliance sociale.


 

Nazim ESOOF