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Un nécessaire consensus

25 mars 2014, 07:55

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Le timing est important pour marquer l’histoire. Navin Ramgoolam en a fait la démonstration, hier soir, en présentant son fameux ‘White Paper’ 15 heures seulement avant la rentrée parlementaire, et 48 heures après la re(confirmation) du Remake 2000 par l’assemblée des délégués du MMM.

 

Avec des propositions plus ou moins consensuelles (confirmation de l’abandon du recensement communal comme préconisé depuis 1982, intégration du ‘Best Loser System’ au système électoral, maintien du First-Past-The-Post, introduction de la proportionnelle, quota pour les femmes et aucune retouche au profil des circonscriptions, entre autres) propositions qui devraient plaire à Paul Bérenger et pas forcément aux Jugnauth, Ramgoolam a pris un peu plus d’une heure pour poser les bases d’un rapprochement entre les “deux plus grands partis de Maurice” et sans doute pour acculer les petits partis, comme le MSM ou le PMSD, qui “grimpent sur le dos” des grands partis. Si le seuil de 10 % est censé tenir à distance des partis extrémistes, il est aussi un signal on ne peut plus clair aux “cinq sous” des alliances actuelles.

 

Quelque six semaines (avant le 5 mai), c’est l’échéance que fixe le leader travailliste pour faire parvenir des commentaires ou critiques sur le livre blanc, soit quatre jours avant que la Cour suprême ne tranche le challenge de Resistans ek Alternativ quant à l’appartenance ethnique, un groupe citoyen qui est venu bousculer la quiétude de nos dirigeants politiques...

 

Obligé à lâcher du lest électoral, Ramgoolam tente par ailleurs de gagner du temps sur d’autres sujets non moins importants. Ainsi la question de changement constitutionnel (dont le partage de pouvoir entre le Premier ministre et le président de la République), qu’il tentait de lier avec la réforme électorale, a été renvoyée à plus tard. Il en est de même du financement occulte des partis politiques qui perdurera sans doute jusqu’aux prochaines consultations. Cela va sans dire que l’omnipotence des leaders de partis, dont le rôle dans la désignation des députés additionnels n’a pas été explicité, restera également intacte.

 

Mais que pouvons-nous ? Sachs, Collendavelloo, Carcassonne et Sithanen l’ont tous reconnu : il n’y a pas de système parfait pour un pays pluriel comme Maurice. Coincé entre un système électoral antidémocratique qui est dénoncé depuis 1982 et des engagements pris devant la justice et les Nations unies, Ramgoolam n’a pas révolutionné le jeu politique, comme il le prétend. Mais il a quand même tenu parole en accouchant, certes aux forceps, du premier document public, émanant d’un gouvernement du jour, susceptible de modifer notre système électoral inique. Il a le mérite d’ouvrir le débat sur ce sujet complexe et sensible.

 

Mais pour aller plus loin et déboucher sur du concret, il faut un consensus national. Le fait que des membres de l’opposition ne rejettent pas de manière démagogique le document est un pas dans la bonne direction. Car pour avoir un consensus il faut que l’intérêt supérieur de la nation prime sur le reste. Ceux qui vont oeuvrer contre le consensus risquent surtout de perpétuer un crime contre notre nation et ses enfants.

 

Ce n’est qu’à la lumière d’un débat éclairé entre citoyens responsables que l’électorat pourra opter pour ceux qui ne transigent pas avec l’intérêt général, la recherche du progrès, l’effort et l’honnêteté, ou continuer à voter pour ceux qui s’érigent en chefs de tribus, tel qu’imaginé par l’administration coloniale britannique.

 

Quant à l’express, fidèle à notre tradition, nous soutiendrons des idées et des partis nationaux dont les bases seraient indépendantes de la composition ethnique de la population, qui feraient la part belle aux plus méritants, femmes ou hommes, peu importe.