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Une fade reprise
On a tous perdu des couleurs et de l’énergie durant la période des festivités. Avec la rentrée qui s’enchaîne, il y a lieu d’avoir encore plus de spleen.
Nous avons tous, des scolaires aux salariés, repris notre rocher de Sisyphe pour l’aventure de l’éternel recommencement. C’est le lot de grands malheurs du petit peuple mauricien. Nous avons donc repris l’année 2011 pour le meilleur et pour le pire. Sauf que ne saute aux yeux que le pire. On aurait préféré une rentrée orageuse, avec plein de promesses de réformes.
On a eu droit à la même enfilade des misères quotidiennes qui ont ponctué notre vie en 2010.
Une vie qui, généralement, commence le matin.
Le matin, dans un monde idéal, c’est l’aurore, c’est un vent doux, c’est un ciel clair, c’est de l’air non-pollué à respirer… Depuis quelques années, le matin, à Maurice, rime avec stress. Les automobilistes et les passagers des autobus ont repris l’année 2011 comme ils avaient clôturé la précédente.
Dans des embouteillages monstres. Dans des bouchons interminables. De longues minutes à s’énerver, à maudire l’automobiliste à côté de soi, à injurier silencieusement le policier qui régule le trafic routier.
Le même spectacle affligeant a, en effet, pris ses droits sur nos routes. La même désolation dans le regard de tous ceux qui se rendent sur leurs lieux de travail. L’éternelle angoisse de ne pas pouvoir être à l’heure. Et enfin, cette créativité, propre à l’esprit instruit du matin, qui s’évapore dans les fumées pollueuses des bouchons. C’est ainsi que commencent nos journées.
C’est ainsi qu’a commencé 2011 également sur le plan économique. Les analystes et experts continuent à prédire que la récession économique européenne accentuera ses incidences sur la déprime économique mauricienne. Rien de nouveau, diront ceux qui dénoncent déjà ce refus obstiné de nos décideurs et dirigeants à exploiter d’autres pistes que la seule économie de marché. Il y a, effectivement, tant de déjà-dits dans tout ce qui a été énoncé ces derniers mois sur la situation économique mondiale qu’il nous est bien pénible de subir à nouveau les mêmes discours. Lorsqu’il y a un problème, ce n’est pas en répétant les mêmes diagnostics qu’on parvient à une solution. Pourtant, c’est bien ce qu’on fait actuellement.
Enfin, sur le plan politique, on se rend bien compte que la rentrée nous sert des plats réchauffés.
Cela aurait été de la crédulité de s’attendre à autre chose. Du côté du gouvernement, on s’est réjoui de quelques millions de roupies charitablement mises à la disposition du pays par le gouvernement chinois… alors qu’on sait tous que les enjeux sont ailleurs. Du côté de l’opposition, on émet bien des propositions mais on fait comme si le gouvernement allait les prendre au sérieux. Personne ne joue gros, en fait, sauf le pays.
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