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Une guérison miraculeuse

8 novembre 2010, 08:20

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La découverte des caisses noires d’Air Mauritius avait choqué l’opinion à l’époque. Jack Bizlall avait ouvert une sorte de boîte de Pandore pour dénoncer une pratique de financement occulte, par la compagnie nationale, des partis politiques (toutes tendances confondues) par le truchement d’autres entreprises dont on se doutait pas qu’elles se livraient à de telles pratiques.

L’opinion avait été également choquée et émue par ces photos de sir Harry Tirvengadum contraint de comparaître régulièrement devant les instances judiciaires malgré une santé défaillante. La dernière photo, plus particulièrement celle avec le principal suspect sur une civière, habillé d’un pyjama, recouvert comme un légume, accompagné de son épouse, digne dans la détresse, acheva de convaincre l’opinion publique qu’il ne servait à rien de mitrailler une ambulance.

Bien qu’il fut au cœur de ce gigantesque scandale politico-financier, la charité (et pourquoi pas la pitié ?) fit le reste pour contraindre ses plus irréductibles détracteurs de lâcher prise afin de lui permettre de pouvoir vivre ses dernières années et de rendre l’âme éventuellement au milieu des siens sans craindre en permanence une épée de Damoclès.

La Cour conclut à un non-lieu parce qu’elle avait estimé que sir Harry Tirvengadum, dans l’état de santé dans lequel il se trouvait, ne maîtrisait plus toutes ses facultés intellectuelles. Il était donc incapable de se défendre. La justice, généreuse et charitable, lui laissa le bénéfice du doute et il ne fut pas sanctionné. Même Jack Bizlall, jusqu’à là intraitable comme Robespierre, sachant qu’un acharnement de pitt-bull injustifié ne sert aucune cause – fut-elle juste - prit soin de préciser qu’il abandonna la partie ; mais qu’il se réservait le droit de revenir à la charge si d’aventure sir Harry Tirvengadum recouvrait et sa santé et ses facultés mentales. Il disait même à l’époque qu’il exercerait une surveillance dans les environs de Trou-aux-Cerfs pour savoir si sir Harry n’y faisait pas son jogging !

On en resta là. Entretemps Gérard Tyack, pris de remords, déballe son sac et se retrouve derrière les barreaux pour expier ses fautes. Or, il semble, depuis la semaine dernière, que sir Harry ne soit plus à l’article de la mort et que surtout il a retrouvé toutes ces facultés ! Pour preuve : le courriel du nouveau Pdg d’Air Mauritius, Raj Bungsraz qui s’est précipité à son chevet pour puiser, à la source, les raisons de la débâcle de la compagnie nationale.

Ce Pdg s’est flatté d’avoir compris, après cette fructueuse rencontre, surtout comment ses prédécesseurs ont fait plonger le paille-en-queue.

Il n’en fallait pas plus pour crier au miracle et de se réjouir qu’après tant d’années de vie végétative, sir Harry Tirvengadum soit enfin sorti du tunnel d’une longue maladie. Ce qui lui a permis d’accorder son temps à Raj Bungsraz pour lui prodiguer de précieux conseils sur la gestion d’Air Mauritius.

Il n’en fallait pas plus non plus pour réveiller aussitôt Jack Bizlall de son hibernation sur ce dossier et de revenir à la charge – avec raison – pour demander à ses hommes de loi, maintenant que sir Harry donne le sentiment qu’il est guéri, de le ramener devant les instances judiciaires pour répondre, en toute connaissance de cause, de ses actes !

Moralité : il y a des guérisons qui devraient rester discrètes !