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Une question de timing
On avait presque oublié l’affaire MedPoint. « Le scandale du siècle », que dénonce Paul Bérenger depuis un an déjà. Nous devons donc remercier le leader du MMM d’avoir ramené la question sur le devant de l’actualité ce mercredi. En effet, sept mois après avoir évoqué une rencontre présumée entre le Premier ministre et l’ancien propriétaire de la clinique MedPoint, Bérenger s’est enfi n décidé à consigner une déposition au Central Criminal Investigation Department (CCID) pour confirmer ses accusations. On s’interroge toutefois. Le patron du MMM a-t-il eu besoin de sept mois pour vérifi er et contrevérifier son information ? Ou alors a-t-il tout simplement choisi le meilleur moment pour faire son déplacement médiatisé au CCID ? On peut penser que c’est le cas.
Depuis la soumission du rapport Carcassonne sur la réforme électorale, le 18 décembre dernier, Navin Ramgoolam et Paul Bérenger n’ont cessé de se parler. D’abord de manière informelle, puis lors de réunions plus structurées à partir de mi-janvier pour discuter des propositions de Rama Sithanen. Depuis deux semaines, toutefois, les discussions semblent avoir capoté. Incapables de s’entendre sur la réforme mais aussi, très probablement, sur un accord politique plus global, Ramgoolam et Bérenger campent désormais sur leurs positions respectives.
Tout ceci amène Rama Sithanen à avouer (lire pages 14-15) que la réforme électorale est probablement morte et enterrée. Or, c’est justement pile au moment où l’on s’apprête à arrêter la date des obsèques de la réforme électorale que le patron du MMM est comme gagné par un sursaut. Les mamours et koz koze avec Ramgoolam ayant échoué, le leader de l’opposition semble de nouveau vouloir penser à faire la lumière sur la vente controversée de la clinique MedPoint à l’Etat et le rôle que le Premier ministre a pu jouer dans cette transaction. Le timing est déroutant…
Le regain d’énergie du MMM se constate aussi ailleurs. Puisque les plans d’avenir avec le Parti travailliste paraissent sombres pour le moment, Bérenger déterre l’os MSM, mis de côté depuis le début de l’année. En effet, Pravind Jugnauth avait fait savoir dès les premiers jours de 2012 qu’un « remake de 2000 est plus que jamais d’actualité ». L’entrain du patron du MSM était toutefois accueilli avec une grande circonspection chez les Mauves. Les plus honnêtes d’entre eux avouant sans ambages : « Ce n’est pas le fi ls qui nous intéresse… mais le père ! »
Sauf que le père est toujours confortablement installé au Réduit. Sir Anerood Jugnauth se contente d’ailleurs désormais de ne lancer que le minimum syndical de coups de griffes au gouvernement et à Ramgoolam. Mais malgré la mollesse des attaques de SAJ, le MMM semble vouloir passer à la vitesse supérieure avec l’allié d’hier. Mais Bérenger ne se précipite pas. C’est en effet dans deux semaines, le 3 mars, que le comité central du MMM sera appelé à voter à bulletin secret le remake de l’alliance MSM/MMM de 2000. Officiellement, le vote est décalé à cause de Maha Shivaratree. On peut toutefois se demander si ces deux semaines ne font pas office de temps de sursis. Au cas où Ramgoolam songerait à demander à Bérenger de revenir à la table des négociations de la réforme électorale… et de l’entente politique.
Si dans deux semaines, le MMM vote le remake de 2000, le parti de Bérenger se retrouvera avec un autre problème de timing… par rapport à SAJ. Pour l’heure, il n’y a aucune raison politique ou objective qui peut pousser le président à la démission. Or, si le comité central du MMM avalise un remake de 2000, le président se retrouvera alors dans une drôle de posture. Où il sera à la fois le chef de l’Etat mais aussi le shadow prime minister d’une alliance qui a pour but de renverser Ramgoolam. Cela mettra le président de la République dans une situation où il ne pourra plus prétendre être au-dessus de la mêlée politique. Démissionnera-t-il alors ? Là aussi, ce sera une question de timing…
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