Publicité

Une question d’hommes

4 novembre 2012, 07:05

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

lexpress.mu | Toute l'actualité de l'île Maurice en temps réel.

Enn ros dan so prop zardin. Seule l’expression locale décrit le côté profondément cocasse de la déclaration de Nita Deerpalsing.

La directrice de la communication du Parti travailliste se pâme en effet devant le niveau des débats politiques de la présidentielle américaine, pour ensuite déplorer l’aridité de ce type d’exercice à Maurice ( lire page 19 ). La faute, assène la députée, au défi cit de « bagage intellectuel » de nos politiques locaux, qui préfèrent « monter sur les camions » et « privilégier les attaques personnelles » . La critique de Deerpalsing est juste.

Les exemples ne manquent pas pour illustrer la pauvreté du débat quand le PTr, le MMM ou le MSM croisent le fer. La campagne électorale de 2010, à elle seule, témoigne de tout ce qui ne tourne pas rond quand les politiques choisissent de ne pas s’affronter sur les idées. Loin d’être de haute facture, les face- à- face ont le plus souvent été des matchs de boxe insipides. Nous nous souvenons encore de ce candidat MMM qui, invité à défendre le programme de son parti, s’est contenté de lire les lignes de son manifeste – qu’il ne maîtrisait visiblement pas - au lieu de réfuter les arguments de son adversaire.

Le PTr, qui avec ses ministres s’était fait une spécialité de frapper systématiquement en dessous de la ceinture, ne vaut guère mieux.

Presque trois ans après, nous allons rentrer dans une nouvelle phase de campagne. Même si les zones rurales abritent plus de la moitié de la population et de l’électorat de l’île, les 130 élections du 2 décembre ne passionneront que moyennement les médias. Par contre, les municipales ne manqueront pas d’attirer une couverture plus – et même trop - généreuse.

C’est là justement qu’il convient de prendre Nita Deerpalsing au mot. Et de lui imposer l’exercice de style suivant : amener les candidat( e) s PTr/ PMSD têtes d’affi che de chaque municipalité à débattre en face à face avec leurs adversaires directs.

Aucune radio privée du pays et aucun journal qui se respecte ne se refusera à organiser de tels face- à- face. Mais il faudra que les règles soient clairement établies.

Que les matchs ne se focalisent pas sur les conseillers « manze bwar » mais plutôt sur les moyens de fonctionnement des mairies. Pas sur l’asphaltage de dernière minute des rues mais plutôt sur les projets de développement que les uns et les autres se proposent de faire ou ont déjà faits. Pas sur une critique en règle de tout et de rien mais sur des vrais projets pour les citadins, avec des financements chiffrés et des modalités de mise en oeuvre clairement identifi ées.

Il y a toutefois fort à parier que de tels débats seront rares voire inexistants lors de la campagne municipale qui s’annonce. Non pas que la volonté sera systématiquement absente.

Mais plutôt pour une raison autrement plus inquiétante. On est en effet bien loin des années 60 et 70 durant lesquelles les conseils municipaux étaient des viviers d’hommes politiques appelés à prendre des responsabilités nationales. Les municipalités, depuis plusieurs années, ne sont que des cagibis où l’on parque des politiques à la petite semaine inaptes à prendre des décisions importantes. Et où l’on récompense parfois des rustres en leur offrant de confortables fauteuils de maire comme cadeau de fin de « carrière » politique.

Oui Madame Deerpalsing, c’est toujours une question d’hommes. Mais il convient de rappeler que ce sont les leaders politiques, le vôtre, et ceux du MMM ou du MSM, qui choisissent les hommes. Et décident sciemment, depuis des années, de n’envoyer que leurs seconds choix dans les municipalités.

Il n’y a donc qu’à contempler l’absurdité de la situation. Si les « premiers choix » des leaders, assis dans les travées du Parlement, sont capables d’autant de médiocrité lors de débats politiques, on ne peut qu’essayer de s’imaginer quel spectacle offriraient les seconds couteaux…