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Une valeur de symbole

15 novembre 2010, 08:29

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Feu Angidi Chettiar était incontestablement un homme de coeur.

Mais il était loin d''être un homme d'esprit. Son double passage à la vice-présidence n'a laissé aucun souvenir impérissable sauf sa démission pour cause de Pota . Il a contribué, en revanche, à séniliser cette fonction, à lui donner un cachet de sinécure à tel point de provoquer une polémique quant à sa pertinence poussant même le Premier ministre à s'abriter derrière, sinon de brandir la Constitution pour lui trouver un successeur. En d'autres termes, si Navin Ramgoolam avait pu faire autrement, il aurait envoyé à la trappe ce poste qui coûte quand même à l'Etat un paquet de fric !

Monique Ohsan-Bellepeau, la nouvelle vice-présidente depuis samedi dernier, n’a certes pas une large marge de manoeuvre. Même quand elle assume la suppléance, elle est condamnée à jouer les utilités ne serait-ce pour éviter les problèmes de susceptibilités. Nous ne sommes pas dans une situation de vice-présidence à l’américaine dans laquelle le titulaire peut gérer des dossiers précis.

Mais Monique Ohsan-Bellepeau ne se retrouve pas pour autant dans une camisole de force. Elle a quelques options pour marquer durablement et intelligemment sa vice-présidence afin d’éviter les inaugurations de chrysanthèmes ou le rôle de dame patronnesse débilitant.

En revanche, l’on saurait gré à la vice-présidente d’élargir le champ de ses préoccupations en se penchant sur des dossiers d’intérêt national auxquels sa prédilection naturelle et sa fonction pourraient conférer une autorité morale. Elle ne serait pas hors champ de faire de la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sa priorité d’autant qu’elle serait dans le prolongement logique de la création d’un ministère de la Pauvreté et de l’Intégration sociale sans pour autant faire de l’ombre au titulaire de ce portefeuille. Comme elle serait dans la même logique de s’intéresser à la violence conjugale ou toute autre violence contre les femmes et contre la maltraitance des enfants.

Il ne s’agit pas non plus de cantonner la vice-présidence dans des limites d’un féminisme de mauvais aloi. Ce serait faire injure à l’intelligence de la titulaire. Cette fonction va bien au-delà du genre bien qu’il faille concéder que sur ce plan, le Parti travailliste a depuis des lustres fait sauter les verrous des tabous depuis l’élection de Cherifa Damoo, dans les années 50 à la mairie de Port-Louis, celle de Mme Noelie Lachicorée à l’Assemblée nationale, la nomination de Mme Radha Poonoosamy au ministère de la Femme dans les années 70, entre autres.

Monique Ohsan-Bellepeau peut donner de la voix pour alimenter les grands débats nationaux et utiliser la logistique soutenant son bureau pour servir des causes qui souvent n’intéressent pas forcément d’autres plate-formes d’autorité parce qu’elles ne sont pas porteuses de dividendes politiques.

Il lui appartient maintenant, parce que le poste a été rempli, de donner un contenu à sa fonction, de remplir une coquille vide.

Bref, de lui donner un sens. Tout comme Navin Ramgoolam en a profité pour faire un ‘coup’ politique en utilisant une carte qu’il jugeait d’aucune valeur au départ pour confondre ses adversaires et les contraindre à le soutenir.

Du coup, cette fonction tant décriée du côté du gouvernement, comme de l’opposition et de l’opinion publique comme inutilement budgétivore, a pris depuis samedi une valeur de symbole.