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Valeur de test….

2 février 2011, 08:32

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Le verdict de la magistrate Asha Ramano à l’encontre de l’exlord- maire de Port-Louis, Tirat Moossun, peut avoir valeur de test et de symbole. Il est tombé à un moment opportun alors qu’une vague d’indignation submerge le pays sur les circonstances dans lesquelles l’achat de la clinique MedPoint a été négocié par l’Etat.

Ce n’est pas souvent que quelques indélicats sont traduits en justice pour répondre de leurs actes pour le délit de «confl it d’intérêts». Mais il est fort à parier que Tirat Moossun, l’ancien maire MSM de Port-Louis, a été le premier surpris qu’il ait été condamné à six mois de prison pour un délit qui est très courant à Maurice : le conflit d’intérêts.

Pourtant les faits ne souffrent d’aucune contradiction. En tant que premier magistrat de la ville, il était présent lors de la réunion de la Commission Santé le 3 novembre 2004, quand un étal du Marché central a été alloué à sa soeur et à son époux. Ce qui n’est certes pas un délit. Mais, lors de cette séance, il avait oublié, comme par hasard, de préciser son lien de parenté avec les deux bénéficiaires. Soit, on ne va pas réclamer sa tête pour ce malheureux oubli : l’alzheimer ne frappe pas que les vieux et il aurait pu ainsi, devant les instances judiciaires, bénéfi cier des circonstances atténuantes. Quoiqu’en France actuellement à 78 ans, Jacques Chirac ne s’en prévaut pas pour se soustraire d’une présence en Cour au début de mars prochain dans l’affaire des emplois fi ctifs à la mairie de Paris.

Mais là où le bât blesse, c’est que les bénéficiaires n’avaient, à aucun moment, fait une demande pour un étal. Il aurait peut-être fallu trois avocats de la trempe de Me Gavin Glover pour convaincre la magistrate Asha Ramano que le prévenu a, en fait, péché par anticipation compte tenu peut-être de la situation de dénuement dans lequel se trouvent sa soeur et son beau-frère et qu’en définitive, il n’a voulu que rendre service !

L’avocat a-t-il plaidé le dossier de la compassion ou celui de l’ignorance ? Quoi qu’il en soit, la magistrate Asha Ramano a été intraitable et elle a épinglé l’ex-lord-maire pour «conflit d’intérêts» car il a enfreint l’article 13 (2)(93) du «Prevention of Corruption Act» de 2002. Pour l’histoire, il faut aussi préciser que l’ICAC, dans cette affaire, était représentée par Me Prisha Bissoonauthsing, «Senior Legal Adviser» assistée d’un «Senior Investigator».

Bien que souvent accusée d’être sélective dans le choix de ses enquêtes ou qualifi ée de «bouledogue sans dents», l’ICAC, dans le cas de l’ex-lord-maire MSM, a fait preuve de ténacité et a illustré qu’elle avait quelques crocs pouvant mordre quand il le faut. Ou du moins quand le gibier n’est pas trop gros et ne court pas très vite !

L’affaire Moossun est en appel. Quel que soit l’ultime verdict qui sera rendu, il est réjouissant de constater qu’il y a des magistrats comme Asha Ramano pour rappeler qu’il y a des frontières à ne pas transgresser. Et que la justice veille.