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Vide-poches

19 octobre 2010, 07:03

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Réjouissez-vous, bientôt ouvrira près de votre domicile un centre commercial digne de toutes vos espérances consommatrices. On vous promet de nouvelles enseignes, dont certaines très prestigieuses.

De quoi s’assécher la langue à force de baver sur les vitrines. Parce que si l’offre continue d’affluer, si les professionnels croient dans la pérennité et la profiabilité de leur investissement, c’est parce que nous consommons. C’est peut-être même devenu le verbe le plus employé aujourd’hui : je consomme, tu consommes, il consomme... Bref, nous consommons.

Et alors que «consommer» se conjugue à tous les temps, notre porte-monnaie fait grise mine, d’autant que le pouvoir d’achat en berne continue d’inquiéter.

Les chiffres du Bureau central des statistiques, publiés ce mois-ci, relatifs au Consumer Price Index, pour le dernier trimestre confirment une tendance qu’on connaissait : les prix des denrées alimentaires de base ainsi que des services et autres biens ont augmenté entre juin et septembre (au total +0,7%). Au vu du pourcentage, la pilule paraît douce. Mais à bien y regarder, ces augmentations, aussi minimes soientelles, parce qu’accumulées, constituent le nerf de la guerre (ou la guerre des nerfs, c’est selon) pour la plupart des ménages.

La conséquence est une tendance haussière de l’endettement, même si on évoque une hausse substantielle des revenus dans divers secteurs. En mars 2010, l’endettement des ménages représentait 15,9% du Produit intérieur brut contre 14,8% un an plus tôt. Le surendettement touche presque 40% des ménages. Les crédits immobiliers sont les plus coûteux mais les produits de consommation courante, soit un quart environ du panier de dépenses d’un ménage, sont constamment à la hausse (+1,4% entre juin et septembre). L’endettement des ménages s’est accéléré depuis le début des années 2000 (+60% de demandes de crédits aux banques commerciales entre 2005 et 2008) et pas de signes d’affaiblissement en vue.

La transformation sociale érigeant la consommation en proue du navire mauricien n’est pas enclenchée : elle est bien installée. Et personne n’est à l’abri d’un naufrage, comme l’explique le sociologue Ibrahim Koodoruth dans l’article Modèle économique sans idéal social ci-contre : «Il ne faut pas croire que seule la classe ouvrière est vulnérable au surendettement.

On peut également enregistrer un surendettement de la classe moyenne et de la bourgeoisie

Généralement, en parallèle à la société de consommation se dessine, petit à petit, une société de loisirs. Or, les centres commerciaux sont aussi nos bases de loisirs. La boucle est bouclée et le Mauricien continue, bon gré malgré, sa ronde jusqu’à avoir les poches vides.

 

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